samedi 12 novembre 2016

Dissonance cognitive 1

Le champagne était bon.
Les sushis aussi.
La compagnie relativement.

Il m’a embrassé et je n'ai comme pas aimé ça.
Comme une langue de lézard dans ma bouche.
Avec un air de satisfaction.

Je suis partie rapidement, en me sauvant un peu, sans plus d’envie d’aller plus loin que ces quelques caresses.

(…)

Sur la route.
Un appel du géant.

J’ai hésité.
J’ai répondu.

Il était sur la route aussi.
Quelques kilomètres en arrière de moi, sur l’autoroute 40.

Me suis mise dans le stationnement d’une caserne de pompier.
Pour lui parler sans rouler.
Il m’a demandé où j’étais.

Et.

Est venu se garer près de moi.
Je suis sortie de ma voiture.
Il m’a prise dans ses bras.
Son cœur battait la chamade.
Le mien aussi.

On s’est assis dans sa voiture pour se parler.

Et.

Nous sommes allés chez lui.

Faire dodo collés.

Parce que tant qu’à être avoir de la merde jusqu’au cou, autant en avoir jusqu’aux yeux (proverbe qui n’existe sans doute pas)

Je voulais aussi construire une dernière belle nuit.
Finir sur une note différente.
Pouvoir repenser à tout ça avec un certain sourire.

Et je devais comprendre aussi.
Ou tenter de le faire.

Puis.
Surtout.
J'en avais envie.
On se le cachera pas.

On n’a pas dormi une miette de la nuit.
On a parlé tout le temps.

On s’est raconté des souvenirs de bons moments.

On a fait l’amour aussi.
Trash, fort, intense.

Nous sommes revenus sur ses mensonges en partant du premier.
Celui sur sa mère.

Avec sa peur de ne pas pouvoir répondre positivement à la question de mon fils à savoir s’il en prenait soin, de sa mère, lui qui ne la voit plus depuis quelques années.

Sur son coup de foudre aussi.
Cette illusion d’une autre relation qu’il s’est donné pour être capable de tout me dire, selon lui.
Une manière de saborder quelque chose qui était trop beau pour lui, qu’il ne méritait pas.

Parce qu’il était un trou de cul.

J’ai pleuré.
Et j’ai consolé aussi.

Il a craqué.
À l’aube.

En gros sanglots.

C’était nos adieux que l’on se faisait.

Pas d’autres choix possible de toute manière.
Malgré son envie d'avoir une autre chance.

J’ai été tiraillée toute la nuit.
Entre ce plaisir d’être dans ses bras et ce mépris de moi.

D’être si faible dans un sens, d’avoir tant besoin de garder des liens serrés avec les hommes qui ont traversé ma vie, de vouloir tant continuer de compter pour eux.
D'avoir envie de lui aussi.

Le ventre noué de ne pas savoir quoi faire pour bien faire.

La tête qui spinait comme jamais.

Perdue je me sentais.

En complète dissonance cognitive.

On a tout viré de bord.

J’ai dit tout ce que je pensais, mes malaises, mes doutes, mes colères aussi, le fait que la terre entière autour de moi l’appelait le salaud et aurait envie de me voir lui arracher la tête.

Pas facile de faire face au jugement impitoyable de mes enfants et amis.

Mon ainé qui m’a même dit à la blague, mais pas tant "c'est moi ou lui".

Ce n’est pas rien même si je pense être capable de dire un jour « c’est ma vie, fuck ton avis »…mais j’en suis loin d’être certaine, moi qui carbure au miroir que l’on me renvoie et à l’approbation d’autrui.

Puis.

Il doit aussi régler des choses en lui.
Il le sait.
Il n’est pas prêt.
Il doit se trouver, se remettre sur des rails, s’aimer aussi.

Il a commencé.

Il a réglé une partie de ses dettes, il s’est remis à faire du sport, se fait maintenant à manger et à ne plus aller au restaurant tous les jours, il a arrêté de trop voir ses amis et de monter tout le temps dans le nord, il a commencé à lire.

Il sait qu’il doit remettre son corps, sa tête et son cœur en ligne plus droite.

Redevenir le gars qu’il a déjà été.
Il le veut.

Suis juste loin d'être certaine qu'il sera capable.
Car ce n'est pas la voie facile.
Et qu'il devra travailler fort pour arriver à ses buts.

(…)

Comment dire.
Il avait une voix différente, un regard aussi.
Je le trouvais beau.

Il est peut-être encore meilleur menteur que je ne le pense.
Ou moi encore plus naïve.

Il est là le problème.

Celui du doute éternel que j’ai en moi par rapport à lui.
Ce doute qui ne s’estompe pas en nuit.
Qui ne s’estompera sans doute jamais.

Qui n’empêche pas, par contre, mon envie de faire des choses avec lui.
Et c’est ça qui est aussi étrange.

Tout est à l’envers dans ma tête.

(…)

On s’est quitté le matin.
Le plus tard possible.

En se serrant trop fort.
En se remerciant pour la nuit.

Qui permet maintenant de revoir des choses moins douloureusement.

Qui va me permettre de remettre le casque de vélo qu’il m’avait offert et que je ne portais plus.

Qui va lui permette de ranger les choses de camping qu’il a laissé à l’endroit où nous les avions déposées suite à notre fin de semaine ensemble. Qui va lui permettre de ressortir le petit aimant de lama qu’il a placé dans la porte du frigidaire pour ne plus penser à moi à chaque fois qu'il le voyait.

Le hic?

Suis vraiment trop bonne à ce jeu de finir les belles histoires comme dans des films.

Suis trop douée pour construire des moments forts en émotions et en symboles.

C’était vraiment trop parfait que cette dernière nuit, pour ne pas avoir envie de recommencer à se dire adieux, encore et encore.


Mes ruptures sont toujours lentes et douloureuses.

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