jeudi 29 octobre 2015

Jo encore....



Ce texto qui m’arrive, mardi, en fin de journée.

« Je viens d’avoir une idée, je savais bien que je ne t’avais pas rencontré par hasard, tu vas voir c’est cute autant pour toi que pour moi, tu viens faire dodo avec moi ce soir, pour que je t’en parle? »

J’étais libre.

J’aime peu passer une seule nuit avec un gars.
C'est comme si c'était moins honorable, une nuit. 
C'est comme si le "one night" c'était nécessairement mal.
Je déteste ces relents d'éducation judéo-chrétienne que je porte fortement ancrés en moi.

Il est arrivé en retard, again.
Au fait, quelques minutes de plus et je retournais chez moi parce que je n’ai pas tant de temps pour le perdre à attendre qu’un gars s’organise comme du monde avec son horaire. 
Et bon, ça ne m'aurait même pas dérangé de finir la soirée dans mon lit, tranquille.
Peut-être parce que je ressens peu.

Il s’est répandu en excuses.
On a ouvert le vin que j’avais apporté et il me dit qu’il sortira plus tard pour aller chercher de quoi se nourrir.

On a jasé.
On a ri.

Je le niaise pas mal.
Un peu baveuse avec lui.
Je n’ai rien à perdre à lui dire ce que je pense vraiment sans trop de fioritures et à ne pas être d’accord avec ses idées, ce qui arrive souvent.
Il m'a parlé de son ex, la mère de ses enfants, en mal, et j'ai trouvé ça ordinaire.
Lui ait dit.

Il m’a présenté ce qu’il avait en tête.
C’était flou, brouillon.
Tu crois que tu peux être moins clair? que je lui aie demandé.
Il le pouvait…

Bon.
Suis tout de même maligne.
J’ai compris.
Enfin, je crois.

On s’est presque pogné, amicalement, quand je lui demandé d'arrêter de me parler d’argent. Il me parle souvent d’argent par rapport à ses photos, le salaire des gens qu’il croise, ce qu’il achète ou le montant qu’il espère tirer de ses ventes.
Moi qui a un autre rapport avec l’argent, ça m’énerve.

Parler d’argent, dans ma tête à moi, c’est trivial.
Encore ce relent d'éducation judéo-chrétienne.

Je l’ai menacé de le facturer pour tous les actes que je ferais pour lui et que la facture risquait d'être alors terriblement salée.

Bon.

On s’est entendu.

Je vais lui présenter un texte de ce que je crois qu’il veut avoir dans le flou artistique qu’il m’a lancé. Il verra bien ce qu’il fait avec ça et il m’offrira un souper si c’est « helpfull ».  Je suis peu convaincue de ce que ça va lui donner et de l’intérêt de la chose et je me trouve pas tant bonne pour écrire ça, mais lui sautillait au plafond pour nous deux.


Il est allé chercher du portugais.
J’ai installé mon décor parce que la lumière des néons, dans son loft industriel, c'est tout de même un peu intense.
Chandelles et musique.
J’ai ouvert le lit.

Moins physique que la dernière fois et plus simple aussi.
Bien, compte tenu que je ne suis pas en fusion amoureuse et intellectuelle avec lui.
J'ai peu fait l'amour sans aimer ou en ressentant peu et je trouve ça toujours aussi étrange.
Il est, au fait, un peu égocentrique au lit.
Il ne touche pas tant et je crois qu’il serait le premier étonné si je lui en faisais la remarque.
Mais, il est agréable et je ne veux surtout pas comparer ce qui ne se compare pas.
Soupir un peu.

On s’est endormi.
Durant la nuit, suis partie à rire.
Un noir, avec un chandail noir, dans le noir et sur des draps noirs…sérieux, je n’avais aucune idée de sa position dans le lit.

J’ai mal dormi, des bruits nouveaux, une lumière de la rue, un corps étranger qui bougeait beaucoup.

Je suis partie tôt pour aller prendre ma douche et pour me préparer chez moi.
Au fait, j’étais déjà réveillée une heure avant l’heure du réveil.

-Je crois que je vais y aller, que je lui aie chuchoté.
-J’ai fait quelque chose de pas correct? qu’il m’a demandé.
-Ben, non, mais tant qu’à ne pas dormir.

Finalement, on s’est rendormi.

J’ai écrit mon texte dans la journée.

Lui ai envoyé, en lui souhaitant bonne route.

C’était à prendre au sens propre puisqu’il partait dans la journée mais, sans doute, un peu aussi au figuré.



Jo la suite...



Il voulait me revoir avant son départ.
Mais avait un horaire chargé et se sentait mal de « m’ensardinner » (comme il l’a si bien dit) entre deux évènements.

Moi, ça me convenait assez bien.
Je ne ressentais pas cette impétuosité de le voir longtemps, de toute manière.

On s’est donc revu samedi.
Il avait quelques heures de libre et il est venu me rejoindre, en retard, au café où je corrigeais.

Je suis allée chez lui après.
On a bu un verre ou deux.
Du rhum gaspésien.
Notre préféré à tous les deux.
Il n’arrêtait pas de dire qu'on était tellement pareil, lui et moi.
Qu'il se voyait et se retrouvait en moi. 
Que j'étais lui, mais en fille.

Moi, je ne trouvais pas tant.
Au fait, je ne trouve toujours pas ça tant du tout.

Mais, je m'en fiche un peu.

Il est étrange pour vrai.
Il avait cette envie qu’on se raconte une histoire à deux voix en se donnant un lieu, une couleur et un sentiment. Comme un genre de dialogue fictif, installés sur des tabourets dans sa cuisine.
Il a comme ce besoin de construire des fantasmes, de placer des choses, d’anticiper cérébralement. Il a ce besoin de placer le décor, de mettre en scène.
Déformation professionnelle?

Pas vraiment mon genre mais moi qui cherchait du différent.

J’étais servie.

Il était étonné d’avoir si envie de me toucher, lui qui se décrit comme un gars plus froid et réservé, avec les autres.
Parait qu’il a une bulle que je ne sens pas du tout.

Whatever. 

Je me suis prêtée à son jeu.

(...)

On a fait l’amour.
Au fait, on a baisé solide.
Très physique.

Sur la table de cuisine en bois, debout contre le mur, sur une chaise, sur le divan et pour finir, sur le lit.

C’est un amant puissant qui est capable de me soulever à califourchon et de me faire l’amour comme ça.

Très sportif comme séance.

Beau corps.

Il parle beaucoup, il verbalise.

On a jouit en même temps la première fois et il a continué presque sans arrêt pour les deux fois suivantes.

Puissant, je l’ai déjà dit?

(...) 

Il avait une soirée pour le départ d’une amie. 

Il a pris sa douche et je me suis rhabillée.

Je suis partie avant lui, il a trouvé ça drôle.

À la prochaine? qu’il m’a lancé alors que je refermais la porte.

Je suis partie à rire, en guise de réponse.

Vais-je le revoir?

Je n’ai aucune espèce d’idée.
Je ne sais même pas si ça me tente.

Je ressens peu et dans un sens, c'est reposant.
De toute manière.
J'ai l'impression d'avoir déjà ressenti pour mille ans.

(...)
On s’est réécrit.

Moins.

Il m’a appelé, un soir, du resto où il se trouvait car il avait besoin de mon regard extérieur sur une situation qui lui arrivait.

Il est un peu immature dans ses réactions avec les autres, un peu nombriliste aussi, ça me fait sourire. 

Il avait envie que je vienne prendre un dessert avec lui et qu’on fasse dodo ensemble. Il était passé 10 heures, il aurait fallu qu’il y pense avant.

Je n’ai même pas eu le gout de sauter dans mon auto pour aller le rejoindre, ce que j’ai déjà fait avec d’autres.

C'est reposant.
Je l'ai dit?

Il quitte demain pour deux semaines, comme une genre de retraite sans contact avec l’extérieur et pour travailler sur sa prochaine exposition dans un autre décor.

On verra bien, à son retour, s’il y a encore des bouts de route à faire ensemble.

(…)

Jo



J’ai hésité avant de cliquer sur "j’aime".

Trop beau.

Vraiment trop.

Des photos de lui incroyables, un sourire éclatant, un teint métissé.

Un "cristi" de beau brun.

Assurément hors de ma ligue et j’ai toujours eu des fortes réticences à cliquer sur le trop beau mec dans cette idée un peu étrange que c’est louche un peu.

J’ai fini par le « super liker » ce que je ne fais que rarement.

Et ce fut un match car il avait aussi aimé mon profil.

Il était tard et je lui ai envoyé un petit mot pour lui dire que ses photos étaient vraiment belles.

Il m’a répondu, je ne me souviens plus quoi.

Et on s’est parlé via texto jusqu’à 3 heures du matin.

Artiste, photographe. 

Famous en plus.

Un français qui est ici depuis 15 ans, la quarantaine, parents d’origine antillaise.

On a poursuivi la conversation via texto, le lendemain.

En fin de journée, il m’a envoyé un texte érotique assez bien ficelé.
Les mots étant tout de même mon domaine, j’ai répondu.
Il a aimé.

C’est un intense. Il part en voyage pour le travail dans une semaine, il me proposait, presque pas à la blague, d’y aller avec lui. Croisière de 14 jours dans le sud où il va prendre des photos et trouver des réponses à des questionnements intérieurs. Un artiste un peu fucké pour vrai, un gars en réflexion sur son art et sa démarche artistique, un peu imbu, un peu égocentrique.
Mais, un réel talent pour la photographie.

On a fini par se parler au téléphone vers 1 heure du matin.

Et à se fixer un rendez-vous pour la fin de la journée.

Pourquoi pas.

(…)

Lac des Castors.
Un temps de rêve.

Sur la route, ce texto.
« J’ai apporté mon matériel, je viens de faire une photo que tu m’as inspiré, je vais lui donner ton nom, j’espère que tu l’aimeras ».

Un intense, je l’ai déjà dit.

Il a descendu les escaliers du chalet du lac, ses yeux se sont mis à pétiller en me voyant, ça paraissait qu’il était content. Je suis partie à rire et lui aussi. Il m’a mis la main sur la hanche, m’a dit que c’était vraiment beau le vert sur mes yeux. On a été mettre son sac dans ma voiture et on est allé se promener. Pas très grand, musclé, accent français un peu fatigant car peu viril pour moi, volubile, aussi beau que sur ses photos. Il a presque 40 ans mais semble en avoir 15 de moins, génétique oblige. Il saute du coq à l’âne, parle vite, bouge beaucoup.

Je le regarde aller avec un sourire en coin. Il ne ressemble pas du tout aux gars que j’ai eu dans ma vie, des hommes posés, calmes et réfléchis. Il est comme un poulet qui saute partout et qui se pose milles questions. Il s’analyse beaucoup aussi. 

J’ai l’air de la fille qui a mille ans de vie et qui est sur les calmants, à côté de lui, c’est tout dire! En général, c’est plutôt le contraire que je vis.

Il n’arrêtait pas de me dire comment il aimait la façon que j’avais de bouger, mes cheveux devant mes yeux, mon style…bref, il verbalisait sans pudeur. 

Trop c’est des fois comme pas assez mais bon…c’était lui.

On marchait comme si nous étions un couple d’amoureux qui se fréquentait depuis un bout, bras dessus, bras dessous. En croisant un groupe de coureur, il me dit « on va leur faire un show » et il me prend dans ses bras en me faisait virevolter. « love is in the air » de lancer une coureuse.

J’ai ri. Il a un corps harmonieux et une peau incroyable. Un vrai de vrai beau mec comme on se retourne sur la rue quand ça passe.

(...)

On est allé prendre un chocolat chaud.

En plein milieu d’une phrase, il m’a coupé pour m’embrasser.

Agréable naturellement. Il sent bon, propre et délicat.

On a continué de se frencher un peu dans ma voiture.

C’était bien mais pas trop clair ce qu’il voulait faire après.

Il semblait avoir envie de finir des trucs, de rentrer chez lui, n’avait pas l’air super à l’aise sur les plans à venir. Dur de le saisir pour vrai, je le sentais comme s’il avait envie de s’enfuir. Je n’ai pas insisté et je suis allée le raccompagner à sa voiture. On se reverra une autre fois que je lui ai dit.

Ou peut-être pas, que je me suis dit.

Il m’a texté presque tout de suite pour me dire qu’il avait hâte d’arriver chez lui pour m’écrire, qu’il allait manger avant pour absorber notre si belle rencontre, qu’il capotait et qu’il s’excusait un peu d’avoir eu l’air de vouloir partir. Il ne se sentait pas super bien, s’était brulé la langue solide avec son café le matin, était fatigué de sa journée, préoccupé par son voyage. Il s’ennuyait déjà de moi et travaillait pour mettre en ligne « ma » photo, ce qu’il a fait un peu plus tard. 

Suis allée courir.

On s’est appelé ensuite en soirée.

Par la suite on s’est échangé des textos.

Beaucoup.

Très enthousiaste, bien plus que moi mais ça, compte tenu de mon peu d’ouverture amoureuse, c’est normal.

Il m'a écrit des trucs intenses, que j’incarnais l’essence de toutes les femmes (!!), qu’il ne comprenait pas cette envie qu’il avait à la fois de me dominer et se blottir dans mes bras, que cela ne lui ressemblait pas, qu’il me parlait comme si j’étais sa conjointe ou une amie de longue date, que de bruler autant pour quelqu’un lui ressemblait peu (!!), qu’il s’ennuyait déjà de moi, que j’étais une femme unique, qu’il ne voulait pas devenir trop cérébral mais ne voulait pas non plus se perdre comme avant, que je n’étais pas n’importe qui, qu’il ne voulait pas me faire peur avec son intensité.

Je lui ai répondu de se calmer. Que je n’avais pas peur de lui, que je n’allais pas tomber amoureuse de toute manière, qu’on allait vivre un bon moment à la fois et qu’il arrête un peu de s’énerver et de réfléchir.

Un intense, je l’ai déjà dit?

(…)

Naturellement, la photo est magnifique.

Il utilise une technique qui fait ressembler les photos à des véritables aquarelles.

Il vend ça cher pour vrai.

Elle porte mon nom, cette photo.

Suis flattée pareil.

Il est habile, tout de même et je suis loin d’être naïve, ou je me donne peu de marge pour l’être.

Je crois peu en la sincérité des gars sur des sites de rencontre. C’est de même. Ça me prend du temps pour penser qu’ils sont vrais.

Lui encore plus que les autres.