mardi 29 novembre 2016

Tricot serré

J’ai le Québec littéraire.

Avec une mère suisse et un père parmi ces québécois intellectuels pour qui hors de la France peu de salut, mes racines québécoises ont été lentes à pousser.

Jeune, je connaissais plus l’Europe que l’Amérique.

Un trois ans en Afrique, des étés en Suisse, des parents qui ne patinaient pas, qui ne faisaient pas de ski, qui n’entendaient rien au hockey.

Chez nous, on écoutait Léo Ferré, Bref, Brassens et ma mère n’a jamais fait de pâté chinois de sa vie, ou du jello, ou des hamburgers steak, ou du baloney dans la poêle...je ne pense même pas qu’elle a déjà, encore aujourd’hui, mangé une poutine.

J’avais un accent français, je mangeais des moules, de la cervelle de mouton, des quiches lorraines, des poireaux vinaigrettes, du céleri rave…je prenais un goûter après l’école (tartines avec chocolat) et je dînais à 20 heures le soir.

Je n’ai aucun ou presque pas de souvenir de camping dans le bois (mon père exécrant tout ce qui se passait dehors et surtout dans le bois), pas de vacances en famille à visiter des régions du Québec, aucun visuel du fleuve…ah oui, l’arrivée des grands voiliers à Québec.
Un jour.

Des souvenirs d’une semaine de pêche et de canot avec mon parrain dans le coin de Sudbury, un aller-retour d’une journée à Baie St-Paul quand j’avais 16 ans, avec mes parents, dont je n’ai encore jamais compris la motivation, des camps anglais en Ontario et quelques fin de semaine de camping quand j’étais animatrice scout.

Nous restions dans le nord de Montréal, presque la banlieue dans le temps, et mon père conduisait une Renaud 12, rouge.

Mon premier voyage en Gaspésie ou même hors de Montréal, c’est à 26 ans que je l’ai fait.

Même chose d'ailleurs pour aller voir la mer sur les côtes américaines.

Et,
C’est le voyage d’un an en Asie qui m’a fait appartenir à mon pays.

M’y ennuyer, en être si fière.

Et me sentir si issue d'un coin du monde.
Enfin!
J'avais une patrie tatouée dans le coeur.

Sentir que j’avais un accent, celui d’ici, des expressions riches et vivantes et que je porte désormais en étendards.

Puis, quand t'es ailleurs, dès qu'il fait froid, parce que tu viens du Québec, tu deviens la référence, la spécialiste, comme si nous avions un droit acquis sur l'hiver.

Cet hiver que je n'aime pas.
Que je connais peu.
Que je n'habite pas.

(...)

J’ai lu les auteurs québécois, beaucoup.

J’ai pleuré avec Maria Chapdelaine pour de vrai (oui, je sais que ce n'est pas un auteur québécois)
Dans son dilemme de choisir la terre ou le confort de l'exil urbain.

Je suis certaine que j’aurais été une Émilie Bordeleau.
Accoucher dans le champ, repartir avec le petit sous le bras pour aller nourrir les autres.
Ou un genre d’Étienne Brulé.
À manger de l'écorce et des tisanes d'épinette.
(oui, je sais, bonjour les clichés)

Et, puis, cette magnifique Gabrielle Roy dans Ces enfants de ma vie, c’est moi aussi.  (oui, je sais aussi que ce n’est pas une québécoise...mais bon…c’est dans l’esprit).
Dans cette idée de braver les éléments, de s'ancrer dans de l'hostile.

Suis fière, d’être de ces femmes fortes et courageuses.
Des femmes qui ont tout fait avec rien en mangeant de la misère pour souper.

Et le bois, et le froid, et l’isolement, et les lacs, et les mouches…

Richard Desjardins qui me parle tant, moi qui n’a jamais mis les pieds en Abitibi.

Tout cela m’émeut.
Profondément.

(…)

Mon livre d’enfance préféré.
Jeanne fille du Roy.

J'en parle souvent.

Sur les bords du fleuve, dans le port de Montréal et de Québec, attendaient les prétendants venus accueillir ces femmes, assurance de leur survivance, celle de leur race.

Et le beau Simon aux yeux verts.
Solide, fort, vaillant.

Qui protège contre les indiens, qui construit une maison, qui ne boit pas sa paye, qui entoure de ses bras puissants.

Il a hanté mes rêves celui-là.

Je le recherche toujours un peu dans tous les hommes que je croise.

Toujours.
Un peu.

(…)

Le géant.

C’est le Québec pour moi.
C'est un peu le Simon de mon livre d'enfance.

Une force de la nature, un corps de bûcheron.
Je ne pourrais pas trouver plus grand.
Des fois, c'est bête de même. 
Où ça touche en-dedans.

Des mains pour construire des planchers de bois dans une cabane, pour couper des arbres, pour rentrer les foins, pour défricher et dessoucher.

Un corps pour manger du pain trempé dans du gras de bacon avec de la cassonade dessus, des œufs dans le sirop, du lard en tranche.
Un ventre d'abondance qui tient chaud l'hiver.
Sous les couvertures.

Un patenteux avec des doigts agiles malgré leur gigantisme.

Un gars du nord depuis toujours.

Avec cette expérience des petits milieux où tout le monde se connait.
Où tous les gars, ou presque, ont déjà sorti avec la même fille.
Sont tous un peu frère de graine, comme ils disent.

Puis.

Le ski, l’hiver, le bois.

Aimer la neige, le froid.

Savoir que toute l’économie locale de ton coin de pays dépend maintenant de ça.
Aimer, alors, voir neiger.

La neige, le froid, le ski.

Ski de fond, raquette, ski alpin, feu de bois, marche dans les sentiers.
Hors piste comme si le bois t'appartenait.
Te baigner nu l'été, comme si le lac t'appartenait.

Et, le char nécessaire pour se déplacer.
Comme un mode de vie.
Avec des racks pour transporter le canot, les vélos, les skis.

Puis des plans débiles, parce qu’il faut s’occuper avec la nature autour, le rien et le tellement tout à la fois.
La bière.
Les projets de brosse.
La communauté.
Les coins et les racoins.

Des hommes aussi qui trainent des carences.
Avec des trous en-dedans du corps.
Solide de charpente, mais qui ont besoin de plus fort qu'eux pour avancer dans la track.
Qui cassent, des fois, sous le coup des bourrasques.
Des hommes que le bois a égratignés.

Je sais que ça me parle.
Tout ça.

Que c’est sans doute une des cordes sensibles sur laquelle il tire, malgré lui.
Le géant.

Il a touché à mon terroir, mon ancrage, mes racines.
Ma québécitude.


La DS, la main de géant, moi.


lundi 28 novembre 2016

Aimer bien

Le dieu-comptable.
Je l’aime bien.

Je le trouve beau aussi.
À chaque fois qu’il m’ouvre sa porte, c’est ce que je me dis.
Un vrai beau bonhomme, avec un corps d’acteur de film de porn.
Un fichu de beau sexe aussi.
Musclé, lisse, doux.

C’est très nouveau dans ma vie cette relation que j’ai avec lui.

J'ai jamais vraiment eu ça.

Un amant sur une longue période, que je vois peu en grande partie à cause de nos horaires, que je texte peu, mais pour qui nous sommes là tout de même, dans la vie l’un de l’autre. Sans pression, sans contrainte. 

En orbite lente.

Car,
En général, si ça clique avec un gars, je le vois beaucoup et je « tombe » vite en relation de couple avec lui…ou sinon ça meurt relativement rapidement après quelques fois.

Lui.

Je le fréquente depuis deux mois, nous avons passé cinq nuits ensemble.

Il me texte des fois pour une idée d’un souper, je lui envoie des liens que je trouve intéressants, on se texte des bonjours de temps en temps, on parle un peu de cul quand ça adonne, de ce qu’on fait, j’envoie des photos.

On sait que l’on va se revoir, sans avoir besoin de se le dire.
Quand ça va adonner.
Il dit peu au fait mais ça me va.

Je suis bien dans tout ça, on ne se casse pas la tête avec rien, il sait que je rencontre d’autres gars, il a passé une nuit, une fois, avec une autre fille. 
Il m'a raconté.

Depuis son ouverture sur des expériences plus créatives sexuellement, notre relation est encore plus agréable car sans non-dits et sans pudeur. 

Cette impression de tout pouvoir partager, simple comme ça.

Je suis même capable de l’agacer sur son côté square et sur le fait que ça lui prend deux heures de bavardage avant de se décider à m’embrasser.

Il ri.
Il est de ces hommes à l'humeur constante et facile.

S’il est libre et que je le suis, je vais chez lui.
Il fait un feu, me sert du vin et on s’installe sur le tapis, devant le foyer, pour jaser avant de faire l’amour quelques heures dans son lit.
Je repars ensuite dormir chez moi.

On s’est parlé de ça. 
Il m’a demandé un peu le rôle que je lui donnais dans ma vie.

J’ai parlé de ma non-envie d’être en couple car c’était trop fusionnel pour moi le couple en ce moment mais que j'avais envie de retrouver, le plus possible, dans mes relations, ce que j’aime du couple.
La complicité, la tendresse, le dialogue, le sexe simple, une certaine présence affectueuse, un échange d'idée et d'expérience, des univers autres...que pour le moment j’avais besoin de plusieurs personnes pour me retrouver et que chacune était unique.

Je veux, pour le moment, le beurre, l’argent du beurre et les fesses du crémier.

Il m’a répondu qu’il me cernait un peu mieux, m’a dit que ça lui allait et qu’il était aussi prêt à des permutations possibles.

Avec cette envie aussi d’en profiter pour explorer. 
Il m'en parle régulièrement, de son envie de connaitre autre chose.

Il n’a pas eu souvent dans son lit une femme qui aimait vraiment faire l’amour et avant de se remettre en couple (synonyme pour lui d’impossibles vagabondages et de mornitude sexuelle) il compte bien en profiter pour sortir de sa zone de confort.

Il a eu 50 ans en octobre, ceci expliquant peut-être cela.

Bref.

Nos soirées ensemble sont toujours agréables.

Et, comme il n’aime pas le temps des fêtes.

Je lui ai dit que j’allais lui faire un calendrier de l’Avant avec des photos coquines pour l’aider à apprécier un peu plus décembre.

Il a ri.

Je l’aime bien.

jeudi 24 novembre 2016

Mille nuits en une

On aura beau dire.
Menteur ou pas.
Manipulateur ou non.
Le géant.

C’est tout un amant.

Ouf.


Quelle nuit!

C’était la 3ème fois que l’on se voyait depuis la rupture.

Nous avions devancé de quelques jours notre deux semaines prescriptif pour aller chercher ensemble la voiture qui était chez Anatole, le garagiste, à une heure de route.

La voiture.
Il l’avait acheté dans « notre » temps.
Une citroen DS 1971.
La voiture de rabbi Jacob.
Même âge que moi, j’étais, comme nous disions à la blague, la déesse dans sa DS.

Nous n'avons pas été capable de nous rendre plus loin que quelques kilomètres sans s’arrêter sur le bord de la route.
Sans changer ensuite de conducteur pour alterner le donneur et le receveur de caresses.
Ma brassière sur le siège arrière, son pantalon descendu sur ses cuisses.

Dans mes souvenirs de sexe en conduisant une voiture, c’est pas mal dans mon top 3 de grossière indécence à 120 km/h.

(…)

Chez lui.
Ensuite.

Nous avons pris un bain.

Je suis très bain dans ma vie.

Je n’ai même pas de douche chez moi mais un vieux bain sur pattes et un tabouret juste à côté.

Le bain matin et soir.

Comme un style de vie.

Le matin, rapide pour me préparer, le soir plus long pour me réchauffer comme un rituel avant de me coucher.

Mes enfants viennent m’y faire la conversation, ma fille y fait ses devoirs, j’y lis, j’y texte, j’y parle au téléphone.

J’initie presque tous les hommes de ma vie à ce plaisir du bain à deux.

Mousse et chandelles, mais ce n’est pas obligatoire.

Un en face de l’autre, ou l’un devant l’autre, ou l’un sur l’autre, selon la place.

Les discussions de bain sont uniques.

Tout son corps de géant ne rentre naturellement pas dans la baignoire.
Mais juste assez pour que ce soit bien.

On a dû y parler plus d’une heure.

Il me lave, je le lave.
On rajoute du chaud, on se flatte, on laisse couler l’eau sur nos corps pour le plaisir de la lécher ensuite, on se retortille pour être plus à l’aise.

On y a bu quelques verres aussi.
L’apéro dans le bain, j’adore.

Beau préliminaire avant d’aller s’étendre.

Il n’était même pas 19h. et nous étions déjà en mode lit.
Avec de la nourriture sur la table de chevet.

On s’était dit que si nous commencions tôt, on avait peut-être des chances de ne pas passer une nuit blanche.
Vœu pieux, je ne pense pas avoir dormi plus qu’une heure ou deux, vers 4 heures du matin.

Cette impression d’avoir fait mille nuits en une seule.

Huile, corde, jouet, massage.
Name it.

C’était fou, dense, intense.

Un beau bordel dans la chambre.
Au propre comme un peu au figuré.

Des premières fois pour moi, des premières fois pour lui.
Des trucs que je n’avais pas faits depuis longtemps.

Il m’a fait jouir 4 fois avec sa bouche.
Je l’ai presque fait jouir autant de fois avec la mienne.

On a parlé beaucoup comme dans toute bonne nuit dans un lit.

Son envie et besoin de tout me raconter le fait exprimer des tas de choses.
Comme une digue qui a sauté.
Il n’y a comme plus de frein, plus de barrière.
Enfin, il semble.

C’est intéressant au fait.
Très.

On parle du concept de fidélité, de l’idée du couple, de ses ex, de son côté égocentrique, de son rapport au mensonge, de son téléphone cellulaire qu’il est encore incapable de ne pas cacher, de ses peurs aussi face à la vérité.

Il me dit qu’il est en train de réapprendre à aimer, à faire confiance.
À croire que ça peut être simple et facile avec une autre.

Et je parle, de ce que je pense de lui, de ce qu’il vient toucher chez moi, de mon peu d’illusion aussi, de ce que je crois possible éventuellement, de mon besoin viscéral de ne pas être uniquement en relation avec lui, de tout ce que je lis sur les couples non-exclusif, des autres hommes que je rencontre aussi et qui comblent des choses chez moi qu'il ne comblera sans doute jamais.

Suis transparente, honnête.
Comme jamais.

C'est pas toujours facile à recevoir et à entendre.
Mais c'est comme ça.

(…)

-Tu as encore ta brosse à dent ici, qu’il m'a dit ce matin.
-Tu ne l’as pas jetée?
-Non, j’espérais que tu reviennes un jour et qu’elle soit là.
-Ben oui, tu me dompes salement du jour au lendemain pour une autre femme de ta vie et tu espérais tout de même que je revienne un jour?
-Oui, et tu vois j’ai eu raison d’espérer…tu es là.

Ouais.

Suis là.


Puis, c’était une bien belle de nuit.

mercredi 23 novembre 2016

Ethical slut 2

L’ex de la copine de mon ex.

Lente approche de sa part vers moi.

Indéniablement intelligent.
Indéniablement intéressé.

Le compliment qu’il manie adroitement.
Presque trop, adroitement.

Il touche à la bonne place, sans m’avoir même effleuré autrement que du regard.
Ce regard que je sens tout de même sur ma peau, dans mon dos, sur ma nuque dans je me tourne.

Agace un peu, il l’est.

Nous badinons comme des professionnels des conversations de salon au temps des lumières.
L’art de surfer sur notre culture mutuelle.
Mélange d’humour pernicieux et de références subtiles.
Alphonse Allais serait fier de nous.

Rare que je croise un homme qui sait relancer les balles que je lance.
Il renvoie adroitement et me fait rire, aussi.

Nous nous trouvons bien brillants et cela aussi ça me fait rire.

Match de tennis.
Égalité partout.

Mais, tout demeure en surface aussi.
Et je n'arrive pas encore à sentir l'homme, le vrai, sous la croûte du badin adroit.

C'est un homme avec de l’initiative aussi.
Qui invite au théâtre et qui s’occupe des billets, qui m’aide à enfiler mon manteau, qui semble prendre soin et veiller sur l’autre.

Qui semble solide dans sa tête.
Ouf! Indéniablement ça m’attire.

Qui ne me donne surtout pas envie de le materner, qui semble s’arranger avec ses affaires.

Un homme compétitif et performant.
Escrimeur presqu’olympique.
Il ne baissera pas les bras facilement celui-là.
J’aime aussi.

Cet esprit de chasseur persévérant et patient que je sens chez lui.

Première fois également que je croise un homme, depuis vraiment longtemps, que je n’aurais pas peur de présenter à mes parents, à mon ex mari, à mes amis, à mes enfants.

Que je pourrais laisser « lousse » dans une soirée sans me demander dans quel pétrin ou ennui il s’est placé.

Que j’aurais la certitude qu’il s’arrange très bien tout seul et que tout ce qui sortira de sa bouche sera intelligent et pertinent.

Que je n’aurais pas de crainte sur le regard que les autres pourraient lui porter.

Que j’aurais la certitude que j’en serais toujours fière.

La dernière fois que j’ai eu cette certitude que tout irait socialement avec un de mes compagnons, c’était avec mon ex-mari et je l’ai marié durant 20 ans.

Mais.
Pour vrai.

C’est justement presque trop la copie de mon ex-mari, cyclothémie en moins.

Ça me fait rire pour vrai.
Mais pas tant non plus.

Et.

Je ne sais vraiment pas si le fit sexuel sera là.
Pour le moment, rien ne frissonne en-dedans et je ne l'imagine pas du tout dans un quelconque acte sexuel.

Petites mains de pianiste vietnamien, un blanc/roux, délicat, un peu adolescent de visage, dégage du bon gars propre et je ne perçois encore aucun dark side qui me titillerait un peu les fantasmes.

Zéro trash de prime abord mais bon, c’est encore drôle entre le dégagement et la réalité.

Est-ce que je dégage du trash moi?
Sous mes dehors de fille de bonne famille?

Va falloir que je l’embrasse et qu’il me touche.


Éventuellement.

Ethical slut 1

Tyler.
C’est son nom.

Le gars du couple que j'ai vu en septembre et qui me texte de temps en temps.
Qui m’invite gentiment et régulièrement à refaire une soirée avec eux.
Qui me relance question de se rappeler à mon souvenir.

Comme il le dit.
Toujours finement.
Avec cette tournure de phrase un peu étrange des anglophones qui écrivent et parlent en français.
J'apprécie également.

Je l’aime bien et son approche est respectueuse et douce.
Je sens l'envie sans sentir la pression.
La patience aussi.
La non-urgence.
Tout cela me plait.

Je lui ai demandé ce qu’il avait le plus envie dans cette idée de se revoir.
Il m’a parlé de mes yeux perçants et de mon allure qui l’avait attiré.

M’a dit aussi ce qu’il aimait avec deux femmes.
Ça m’a plût.
Ces images qu'il met dans ma tête.

On a convenu d’une date en décembre.

Poly?

Le polyamour.

C’est un concept théorique tellement séduisant.
Enfin, qui me séduit vraiment.

Je me demande bien comment ça se traduit en pratique.
Dans la vraie vie.

Je me demande surtout si ce n’est pas ce qui est fait pour une fille comme moi.
Une fille qui se perd si souvent en un homme.

Est-ce que le fait d’avoir deux ou trois relations signifiantes n’est pas une manière de rester soi-même?
De ne pas tout investir en un seul? De ne pas non plus tout demander à un autre?

Mais.

Le contraire?

Être une de trois ou de deux quelqu'un.

Quel bel exercice de confiance en soi cela doit demander.
Et de confiance en l’autre surtout.

Je ne suis vraiment pas une fille jalouse, je m’en suis rendue compte.
Je ne tiens vraiment pas tant à la fidélité sexuelle et j'y crois peu d'ailleurs.
Je suis capable de vivre avec du sexe multiple et des plaisirs pris un peu partout.
Pour moi comme pour l'autre.

Mais je suis une fille insécure sur ma valeur et sur ma place dans l’esprit et le cœur de mon partenaire.
Qui doit souvent être réassurée sur ce que j'apporte, ce que je suis, ce que je vaux.
Qui a ce besoin de sentir quelque chose d'unique.

Je crois que je pourrais facilement cohabiter tant que je sens cette place, tant que je ressens l’amour aussi.

Cette envie très forte de rester célibataire mais avec d’autres.
Cela m'habite de plus en plus.
M'élève aussi.
Me fait me sentir libre de mes choix.

Serais-je un jour complètement affranchie?