vendredi 22 mai 2015

Un autre 22




Ça aurait fait deux ans aujourd'hui.

Deux ans depuis cette nuit du 22 mai 2013 où tu m'as ouvert tes draps et où je m'y suis glissée.

Je me demande comment nous aurions fêté ça.

J'aurais surement organisé quelque chose.

J'organise toujours quelque chose.

Dans un coin de ma tête, dans les recoins de mon corps.

Une petite boite avec ton nom dessus.

Délicatement, des fois, je l'ouvre.

J'observe les restes.

Les restants.

De nous

Et je contemple.

Ce n'est pas vraiment triste.

Ce n'est pas vraiment heureux non plus.

C'est.

 

Deux



-Je suis à l'appartement ce soir.

-Nous avons une soirée avec des copains mais on vient après.

J'avais envie de le voir seul, mais c'était correct aussi si l'ami était là.
Comme un package.
Bien que.
Ça me tentait pas tant.

C'est finalement seul qu'il a ouvert la porte.
 
Il s'est dirigé vers la chambre, où j'y étais déjà, et nous avons eu cette impression que cela faisait mille ans que nous ne nous étions pas vu. 

On s'est serré tellement fort que ça ne rentrait plus nulle part.

-J'avais envie de te voir seule, envie que tu sois juste pour moi...qu'il me dit.

-J'avais tellement envie de ne faire l'amour qu'avec toi...que j'ai dit.

On s'est souri.
Synchronicité des envies.

C'était bon.

Tout était bon.

Malgré l'heure tardive nous n'avions pas envie de dormir. 
Nous n'arrivions pas à dormir
Adrénaline trop forte de ce plaisir à se voir.

C'était beau, c'était bon, c'était chaud.

On va se manquer

C'est dit, c'est su.

Mais, nous sommes sur deux orbites tellement différentes. 

C'est dit et c'est su aussi.

Deux orbites qui viennent de se croiser le temps d'une révolution mais qui ont des cheminements autres dans l'univers.

Et.
C'est beau comme ça. 

(…)

J'avais les ailes d'un ange



Je suis passée les prendre chez eux.

Nous étions comme des gamins qui s'en vont faire des mauvais coups. Contents, heureux de cette escapade.

Il a pris le volant. Il y avait la trame sonore de Grease qui résonnait dans la voiture.

Ils annonçaient du beau temps pour les trois jours et nous avions réservé deux nuits dans un hôtel de la vieille ville. Avec un seul lit, off course.

À partir de Trois-Rivières, nous avons bifurqué sur le chemin du Roy, parce que c'est plus beau et que le but c'était tout de même, un peu, de leur faire voir du pays. Puis, parce que je suis très à l'aise avec mon rôle de femme d'expérience et que je savais qu'il y avait des choses qu'il n'avait encore jamais fait en conduisant, nous nous sommes bien amusés dans la voiture.

Une petite halte improvisée pour piqueniquer installés sur une couverture avec la vue sur le fleuve. Si j'avais été nue et à une autre époque, ça aurait donné le déjeuner sur l'herbe. C'était drôle d'y penser.

(…)

Nous avons fait l'amour en arrivant dans la chambre.

Et nous sommes allés nous promener.

Comme trois copains qui folâtrent dans les rues, bras dessus, bras dessous. 

C'était simple. C'était un peu comme dans Jules et Jim même si ça fait vraiment longtemps que j'ai vu le film.

Ce fut tout le temps bien, tout le temps léger et sans malaise. 

Et nous avons arpenté les rues de long en large avec des arrêts dans des parcs, des pauses sur une terrasse de micro-brasserie, une découverte d'un chouette restaurant excentré et qui présentait de l'improvisation en soirée, un aller-retour sur le fleuve à bord du traversier, des courses entre l'ami et moi pour monter le plus vite possible les escaliers, un temps de lecture pour moi sur les plaines d'Abraham pendant qu'ils visitaient la Citadelle, des fous rires, des moments tendres et plus émotifs.

Nous sommes allés fumer, un soir, sur la portion des plaines près de l'hôtel, juste derrière les remparts. Bien emmitouflés dans une couverture, on s'est collés, l'ami et moi riant un peu de lui qui devient, sous influence, tellement étrangement drôle et sensible. 

Il a pleuré, juste d'être là.
Dans le silence et la pudeur des larmes, nous étions là.

(...)
Trio harmonieux, certes, mais plus le temps allait et plus il y avait chez lui et moi cette envie de duo. L'ami vraiment charmant et agréable mais le fantasme était consommé et c'est avec nous, sans témoins, que j'avais vraiment envie de faire l'amour. Cette envie d'être deux, un peu. Je pense que l'ami l'a senti, moi je le sentais. Et c'était ok aussi.

(…)

Nous avons passé le chemin du retour à chanter des chansons dans la voiture avec un arrêt à Deschambault. C'était tellement magnifique. Les roches plates qui invitaient à la détente, le fleuve magique, au mois de mai, à marée basse, et deux pêcheurs sympathiques qui nous ont fait bien rire. 

Le Québec accueillant, chaleureux et bon enfant comme je l'aime.

Et moi, dans son appareil photo.



(...)

Au retour, nous allions directement écouter un match d'improvisation au Lion D'or. 

-Je vais inviter ma colocataire et sa sœur à venir nous rejoindre pour le match. Je ne sais pas, par contre, si elles seront libres.

Je suis partie à rire. C'est bien mal connaitre les femmes que de penser que les deux jeunes filles (dont une, semble-t-il, trouve le jeune colocataire français de sa sœur bien de son gout) ne vont pas tout faire pour être libres et venir voir de leurs yeux à quoi je pouvais bien ressembler! 

Elles savaient, de plus, que nous n'avions pris qu'une chambre à Québec et il parait que cela avait heurté bien des idées reçues. Du coup, l'envie de voir la "madame" qui passe deux nuits avec les deux jeunes étaient, à coup sûr, vraiment tentante. 

Elles auraient eu un rendez-vous avec le pape qu'elles l'auraient annulé! 

Bah. Rendue là, je m'en foutais un peu. Je trouvais à la limite la situation assez drôle faut finir par assumer. C'est ce que je fais depuis deux mois, au fait. 
Assumer. 
M'assumer.

Elles étaient présentes, naturellement!(rire)

Il m'a souri, m'a tenu la main et m'a embrassé. Il savait que ce n'était, tout de même, pas si simple dans ma tête.

J'ai ri, j'ai fait des blagues sur mon âge. Elles ont ri. 
Suis une fille drôle capable de rire d'elle-même.

Nous avons fini la soirée par aller prendre un verre à l'appartement en mangeant de la poutine et en se racontant toutes les "insides" de notre escapade.

Nous avions créé des beaux souvenirs.

jeudi 21 mai 2015

Faire des plans..



Nous avions déjà décidé, avant même l'arrivée de l'ami, de profiter de sa présence pour aller passer une fin de semaine à Québec, tous les trois. 

Il n'y avait encore jamais été, ma visite dans cette ville remontait à presque deux ans et advienne que pourra, rien ne pouvait de toute manière mal aller. 

Nous irions en copains, en amants ou en compagnons de voyage…le statut n'étant pas bien grave puisque le but était essentiellement de passer des bons moments sans aucune pression d'aboutir à quelque chose de précis.

Mais, prudents ou curieux ou impatients, nous avons tout de même organisé un souper en milieu de semaine, question de se flairer un peu, de se sentir les particules, de se construire un désir…ou pas.

(…)

Un appartement d'une copine libre pour trois semaines et qui m'a offert sa clef en m'invitant gentiment à y passer des bons moments.

C'est un appartement chaleureux, simple, épuré avec des lumières qui tamisent les pièces, du bois qui réchauffe, du blanc reposant et une ambiance qui invite à la détente. 

C'est un appartement dans lequel je me sens bien…c'est en fait, celui de l'ex de mon ex.

Je sais, nous sommes des êtres étranges.

Voilà pour le décor.

Une occasion surtout de faire à souper, de prendre l'apéro, de faire la vaisselle ensemble, une occasion de recevoir.

Dans cette relation particulière où je ne l'inviterais jamais chez moi pouvoir recevoir, quelque part, représentait beaucoup. 

Vraiment. 

J'étais contente de le faire. 

Beaucoup.

Prendre soin. Cuisiner. Servir à boire. Créer une ambiance autour d'une table. Sentir que je contrôle l'environnement. Je me sens tellement amputée de ne pas pouvoir le faire chez moi. 

Des ailes coupées.

Je voulais que cela soit simple et je refusais viscéralement d'avoir l'impression de passer une entrevue. C'était texté d'avance. 

Mieux préparé que la dernière fois, j'avais cependant vu plusieurs photos de l'ami et il me l'avait un peu présenté. C'était spontanément plus mon genre que le premier et j'avais confiance que la soirée serait agréable en soi.

De toute manière, le but n'était pas de passer la nuit ensemble…ça c'était éventuellement le but que nous réservions à notre escapade québécoise. 

(…)

En ouvrant la porte, le premier plaisir a été de nous revoir, lui et moi.

Se ressentir après la fois qui avait failli être la dernière. 

Le serrer fort, se faire serrer fort, humer son cou, le sentir heureux d'être là. 

Très. 

Et tous ces mots silencieux que murmuraient nos regards. 

Apéro sur le balcon. 
Souper à l'intérieur.

Ami souriant, avenant et joueur.

Ami chez qui je sentais très fortement cette envie de me séduire.

Cette envie que je le trouve à mon gout, qu'il me plaise.

Se frôler en faisant la vaisselle. 

Sourire.

Finir par s'embrasser, naturellement.

Sans presse. Nous étions dans le jeu.

Celui magnifique de la séduction.

"Préfères-tu vraiment attendre Québec?"

C'est une vraie question qu'il m'a posé. 

Je savais que la réponse m'appartenait entièrement et que ce serait respecté quoi qu'elle soit.

L'expérience m'a appris que, des fois, en voulant attendre pour que ce soit mieux, ce ne l'était pas nécessairement plus. Qu'il faut le plus souvent suivre le courant et respecter les promesses des ambiances.

Le feeling, l'envie, tout était là…pourquoi ne pas se laisser couler simplement?

Tacitement, personne ne voulait vraiment attendre.

Il s'est alors levé pour aller porter les chandelles dans la chambre.

Le décor était placé et nous y étions au centre.

(..)

J'apprécie que toutes les soirées que nous avons passé à faire l'amour furent suivies de nuit à se lover l'un contre l'autre, l'un contre les autres. 

Des nuits qui voient l'aube se lever sur les corps, d'œil qui s'ouvre sur un visage qui s'éveille, de bons matins chuchotés dans une oreille endormie, d'étirements de chat qui se délie les membres... 

Matin lucide sur une nuit trop active pour en garder un souvenir précis. Un peu flou de suivre le schéma narratif de trois corps qui se caressent.

Je me souviens du gout du rhum dans ma bouche.

Je me souviens de certains mots qui se sont dit.

Je me souviens de l'énergie, différente de la dernière fois.

Des rires toujours essentiels à une nuit complice.

De sa présence. Confiante, solide, rassurante. Jamais envahissante, jamais trop, jamais intrusive. 

Un phare, il est.

Je me souviens que c'était valorisant, que c'était du plaisir apparent pour tous. Sans demi-mesure, c'était simple.

(...)
Puis on s'est préparé pour aller travailler.

J'ai fait son lunch, naturellement. 
On s'est collé juste nous deux dans la salle de bain. 

On s'est embrassé tous les trois et j'ai refermé la porte de l'appartement.

Et ce texto qui suivra.

"Belle journée, après une bien belle rencontre. J'ai apprécié énormément ce moment. Et surtout de te revoir, te sentir à nouveau, pas tous les sens. Prendre soin de toi. Dormir très près de toi. Il n'y a pas de mots pour tout décrire. Cela augure de belles choses pour Québec."