lundi 17 septembre 2018

Next level


Je ne sais pas vraiment pourquoi j’ai pris autant de temps à l’écrire.
À la raconter.
Cette nuit de juin.

Pourtant ce n’est certainement pas parce que je suis pudique.
Ce n’est pas, non plus, par manque de temps.
C’est peut-être, un peu, à cause de cette envie de conserver, juste pour nous, cette histoire.
Peut-être, aussi, parce que je ne sais pas trop comment partager ça.

(…)
Enfin.
Tentons.

(…)

Un soir de début d’été, donc.
Avant les grandes chaleurs et l’abattement qui vient avec.

Un soir doux avec les cigales en trame de fond.
Le souper qui s’est mangé dehors.
Les chandelles qui tamisent l’ambiance.

Et.
Un ami, le sien, son meilleur.
Celui qui, marin, part souvent des mois pour son travail.

Celui avec qui il a déjà un peu couché.
Un autre soir, il y a longtemps, mais pas tant.

(…)
Je ne me souviens plus trop ce que nous avions mangé.
Je me souviens, par contre, que le vin était bon.
Je me souviens que nous étions contents de nous revoir.

Très.
(…)

Nous sommes allés finir la soirée dans la grange.
Devait faire un peu frais dehors, je ne me souviens plus.
Cette grange que le géant a aménagée pour moi, pour mes enfants.
Pour en faire un lieu commun de vie.

Un espace incroyable.
Des grandes fenêtres qui donnent sur la cour.
Des lumières tamisées.
Un divan fatigué par le temps.
Comme un chalet, un refuge de ski, un havre de chaud.
Une ambiance feutrée qui s’harmonisait parfaitement avec le rhum vanillé que j’avais sorti.

 (…)
Il était tard.
Les gars parlaient et mes yeux se fermaient doucement.
Alanguie, en boule sur le divan qui m’accueillait.
Le géant a sorti le futon et l’a installé par terre.
Pour que je ne sois pas trop loin.
Pour que je sois bien.

Je lui ai demandé, plus tard, s’il l’avait planifié, un peu, la suite.
Il m’a dit que non, ou que peut-être oui, en quelque part, surement, un peu.

(…)
Et, il est venu s’étendre avec moi.
Le géant.
Son corps se lovant naturellement dans mes courbes.
Ses mains se posant instinctivement sur mes seins.
Comme tout le temps.
Comme à chaque fois.

(…)
Et, parce qu’un futon est bien plus confortable qu’un divan pour jaser.
Parce qu’il était tard.
Parce que ça s’y prêtait bien.
Et, parce qu’on lui a proposé.
L’ami est venu s’étendre avec nous.

(…)
On jasait pour vrai.
On riait aussi.
On se retrouvait après des semaines.

Moi, entre deux.
Des amis.
Complices.

Je ne suis jamais autant présente que dans un lit.
(…)

Le géant me caressait toujours.
Tranquillement.
Presque nonchalamment.
J’ai enlevé mon chandail.
Il faisait chaud, mais pas tant.
C’était juste mieux sans.

(…)
La lumière était belle.
Tout brillait.
On avait de ses conversations qui ne se peuvent que sur l’oreiller.
Avec les silences pleins qui viennent avec.
On se trouvait drôles.

On parlait de sa vie en mer, de nos aventures mutuelles.
Puis.

J’avais ce doux quatuor de mains sur mon corps.
Celles de l’ami étant venues rejoindre les autres qui s’y baladaient déjà.
S’attardant sur mes seins, en pinçant doucement la pointe.

Alors.
On s’est embrassé.
Enfin, l'ami et moi, moi et lui, aussi.

(…)
Et.
Comment bien dire.
Tout ce  bon et ce simple.
Comme dans un rêve mais mieux encore.
L'étape avant le paradis, ou même le paradis si tel il peut exister.

Le sexe de l’ami que je caressais doucement.
En badinant.
Les lèvres du géant sur mes seins.
Le souffle de tous.
En harmonie

(…)
Naturellement, dans cette suite des choses qui coulaient  déjà toute seule.
Il est allé chercher un condom dans sa voiture.
Il a demandé au géant s’il pouvait me pénétrer.
On l’a trouvé drôle.

De vérifier avec lui.
Moi, mon corps surtout, avais déjà dit oui.
Alors, il m’a prise, une première fois, avec les yeux du géant qui nous couvaient.
Amoureusement.

 (…)
Tout fut alors une affaire de regard.
Ceux du géant pendant que son ami me faisait l’amour.
Certes.
Ceux de l’ami dans les yeux du géant pendant que je le suçais
Ceux du géant qui passaient des miens aux siens.

Triangulation des visions
Mes yeux dans les yeux du géant presque tout le temps.
Communions visuelles.
Tout s’y passait.

(…)
Et toutes ces pauses.
Où nous avons ri.
Soufflé un peu.
Entre toutes les fois.
Content de toute cette simplicité.
Heureux de nos corps les uns dans les autres.
Fascinés, surtout, nous étions, je pense.
Comme si nous avions toujours été comme ça.
Dans ces positions.
Comme si c’était la nature même de l’humain de s’y retrouver.

Comme si la normalité c’était ça.
Lui, moi, l’autre.
Dans le même lit.

(…)
Et ces moments qui sont encore gravés en moi.
Dans la plus belle scène parmi tant.

Celle où il est venu dans ma bouche, les yeux dans ses yeux, ses mains qui se perdaient dans les cheveux argentés du géant.
Ils se regardaient, ils me regardaient.

Il m’a regardé l’avaler, il m’a embrassé après avant de me prendre à son tour pour jouir en moi.
Il lui a souri, lui a effleuré le torse.
Ils m'ont entourée de leurs bras.
Peu importe qui était le « il », c’était parfait.

L’amitié next level.

(…)
Puis.
C’est le géant qui m’a fait jouir.
Comme toujours.
Comme tous les jours, ou presque.

Avec sa langue.

Et son ami qui me regardait dans les yeux en souriant.
En même temps.

(…)
Longue trop courte nuit.
L’aube qui a fini par se pointer.
Cette envie de s’endormir ensemble.
Mais, horaire oblige.
Le géant et moi sommes retournés dormir dans notre lit.
Pour y refaire l’amour, juste nous deux.
Une autre fois.

(…)
Ça nous a pris du temps nous en remettre.
On en parle encore souvent.
Comment c’était beau.

On surfe sur cette vague de plaisir, de possibles, de fantasmes qui nourrissent et se nourrissent.
On en parle aussi avec l’ami.
Des fois.

En clin d’œil et en allusions qui ne font rire que nous.
Dans un souvenir complice.
De cette nuit à trois qui nous a soudés l’un à l’autre.

(…)
On l’a revu.
On le revoit souvent.

On ne l’a pas refait.
Du moins, pas encore.

On n’ose pas, je crois.
Comme si c’était impossible de surpasser ce moment.
Comme si on ne pourra que trouver ça moins bon.

(…)
Peut-être que c’était le vin.
Peut-être que c’était l’alignement des astres.
Peut-être que c’était juste la vie normale aussi.
Et, que c’est tout le temps comme ça.
Ce genre d’affaire.
Je ne sais pas trop.¨

Je sais juste que je le souhaite à tout le monde.
Au moins une fois.

(...)

Je pense que ce qui était le plus beau c’est que ce n’était pas préparé.
C’est arrivé juste de même.
En suivant une vague.
Je n’avais pas pensé à ce que j’allais porter, si mes jambes étaient rasées, si la lumière me mettrait en valeur ou pas.
 
Je n’ai pas été freiné par la peur du regard de l’autre car je ne l'ai pas anticipé.
 
Je n’ai pas eu le temps d’avoir des doutes, des appréhensions, des questionnements.
 
J'ai pas réfléchi le moment, je ne l'ai pas intellectualisé.

Avoir voulu le « stager », je ne pense pas qu’on aurait pu arriver à la hauteur de ce que cette nuit à été.
 
(...)
 
Il revient la semaine prochaine, l'ami marin.
 
Il viendra souper à la maison en débarquant du bateau.
 
On verra si une autre vague se présente et si on aura envie de la suivre.