lundi 27 avril 2015

Ce qui se passe au chalet reste (un peu) au chalet.


Se retrouver en duo et avoir envie, dans notre recherche de bulles explosant en mille saveurs, d'avoir un autre cadre pour nous revoir.

Le chalet d'une copine qui est libre pour la fin de semaine est tout indiqué.

Un foyer, une immense chambre, une vaste douche en pierre avec multi jets, un vieux banc solitaire qui regarde le lac, la vue sur l'eau omniprésente par toutes les fenêtres, le silence des arbres, cette odeur de frais printemps qui tarde.

Il conduira, à sa demande. Ça lui fait plaisir de conduire pour la première fois sur les routes québécoises et il a cette envie, je crois, d'être au volant et de me conduire, au propre comme au figuré. Je le laisse faire, au propre comme au figuré. Je le regarde, amusée, d'avoir ce plaisir de prendre la route, de retrouver une conduite manuelle, un bras de vitesse nerveux, plaisir de mâle que me fait sourire. Il conduit bien, dans tous les sens du terme et je serais celle qui mettra de la musique, qui lui passera les doigts dans les cheveux, qui massera sa nuque, qui laissera errer ma main entre ses cuisses. 

Sourire en coin, nous sommes contents de nous retrouver.

Étrange, un peu, tout de même, de se donner du temps.

Nous outrepassons tacitement les règles non écrites de la relation amant/maitresse. 

On passera deux jours, une nuit, avec rien d'autre à faire que se coller la peau l'un sur l'autre en s'écoutant se chuchoter des bribes de soi. La frontière est mince dans la description des relations. Nous ne rentrons dans aucune case prédéterminée. Nous le savons et les repères sont flous. Nous nageons dans du gris mais sans ressentir le besoin de définir plus qu'il ne le faut. 

(…)

Malgré cette envie douloureuse de faire l'amour en arrivant, nous avons la même envie de prendre notre temps. 

Nous sommes de ce genre de voyageurs pour qui la route est aussi belle que la destination. Dans cette savante construction de moments, nous savons attendre.

L'apéro se fera dehors, emmitouflés dans des couvertures, imbriqués sur le banc au bout de la pointe, entourés par le lac, les pieds presque dans l'eau qui dégèle tranquillement. Calme d'une vue où rien ne bouge. Immobilisme d'un lac glacé entouré par des sapins silencieux.

Revenir sur nos impressions de notre dernière nuit. 

Se bercer de nos silences.

Parler de soi et de cet étrange nous.

Savoir pertinemment que nous sommes dans des chroniques d'une fin annoncée et que c'est bien comme ça. 

Les moments sont-ils plus beaux lorsque nous les savons éphémères? 

Certitude confiante que nous resterons des beaux souvenirs à chérir dans la vie de chacun, des souvenirs dans des belles boites que nous ouvrirons de temps en temps. Il sera un satellite et je serais le sien. Astres périphériques qui se croiserons périodiquement, ou pas, dans des rendez-vous sporadiques avec l'histoire.

Les yeux parlent bien plus que les mots. 
Les doigts qui frôlent le visage de l'autre aussi.

On cuisinera.
Il fera le dessert. 
Musique en arrière fond. 
Feu dans la cheminée. 
La somme des clichés d'un rendez-vous romantique au chalet est infinie. Si notre histoire était un film, ce serait le moment "cheesy",  la peau d'ours en moins. 
Je lui dis, il rigole. 

Nous mangeons devant le feu. On finira le vin. Je ramasse les choses. Il a préparé la chambre et quand j'y monte, il y a des chandelles partout. 

Nous sommes des êtres de paradoxe. Multi facettes. Lui comme moi. Il dégage cette allure un peu timide de gars réservé. Une allure de gars à la sexualité classique et conservatrice.

Ne jamais trop se fier aux apparences.

Nous avons ce même rapport au sexe un peu trash, sans grande limite dans les envies. Comme nous ne sommes pas dans le cadre d'une relation amoureuse quelconque et que nous n'avons aucun image à préserver, nous n'avons pas de pudeur à verbaliser nos fantasmes et à tenter de les réaliser. Je le sens content de pouvoir explorer un univers d'infime possible, je me retrouve dans cette sexualité des découvertes que j'ai déjà eue par le passé. Des premières pour lui, des redécouvertes pour moi. 

Nous y passerons la nuit.

Nous nous réveillerons en plein milieu pour recommencer et le petit matin nous retrouvera avec cette envie de poursuivre.

(...)

Dimanche tranquille.

On le passera sur le divan du salon à écouter de la musique en se flattant. Je lui ferai la lecture de deux débuts de romans québécois, pour qu'il puisse choisir lequel lui plait le plus. On ne sort pas facile la prof en moi et partager la lecture est un de mes plaisirs. 

J'ai des images encore fortes du film La lectrice, avec MiouMiou, vu il y a des décennies…toujours aimé cet aspect si érotique de faire la lecture, nue. 

On prendra une douche. 
Il me lavera les cheveux. 
Intimité certaine dans le savonnage de l'autre. 
Érotisme de l'eau qui dégoute, du mélange des fluides, verticalité sensuelle qui impose ses positions.

(...)

On refera la route vers la ville avant que le jour ne tombe.

Contents de ces moments.

Sans connaitre vraiment la suite et si même il y en aura une. On ne se promet rien, on ne fixe jamais de rendez-vous précis. On demeure curieusement dans une certaine attente du moment qui surgira.

De toute manière, chaque fin de rencontre est une petite fin en soi qui ne demande pas nécessairement autre chose pour être belle.

Mais,il reste encore bien des fantasmes et il ne part qu'en juillet.

samedi 18 avril 2015

Merci à tous les hommes qui m'ont laissée...



Et je suis jalouse.

Jalouse de moi-même d'avoir vécu ça.

Je ne peux que remercier bien bas tous les hommes qui m'ont laissée pour que je puisse, un jour, avant d'être une vieille à la chandelle, vivre cette nuit.

Je sais qu'elle fut unique. Que les astres étaient alignés pour qu'elle soit ainsi.

Des hommes doux aux mains caressantes, fines, sensibles. 
Des hommes qui savent respecter l'espace et surfer harmonieusement sur la vague de l'ambiance. Des hommes sans pudeur, capable de regarder sans gêne et sans compétition. Pas de soucis de performance, pas de coq en présence. Des amis, contents du plaisir de l'autre. 

Ce fut drôle, sensuel, sexuel, naturellement.

Tellement naturel. Surtout.

Comme si ça devait être toujours comme ça, dans la vie.

Ce fut aussi une intense connivence entre lui et moi. Longs regards qui se disaient que c'était bien. Regards riches de mots silencieux, de clin d'oeil, de sourires. Ne pas ressentir de malaise, ne pas se questionner car l'alchimie était palpable. Tout transpirait de belles sensations dans un souci d'équilibre. Une soirée de fête où tout le monde reçoit le même cadeau qui fait plaisir et où le plaisir de voir ton ami déballer le sien est aussi grand que le reste.

Des moments doux avec l'ami qui s'est révélé être un excellent amant. 

Attentif.
Généreux.
 
Dormir entre deux corps et pouvoir se retourner dans les bras de l'un ou de l'autre.

En partant le premier pour aller travailler, il s'est penché pour m'embrasser longuement. Son ami doucement en moi. 

C'était même pas étrange.

C'était de même.

Nous nous sommes remerciés souvent, tous les trois, durant cette nuit.

Car elle était un cadeau et on le savait.

51




51.

C'était la somme de leurs âges.

-Une chambre.
Un lit king,
Central.-

C'est d'abord dans un bar que nous nous sommes retrouvés. Ils y étaient déjà. 

Jeune. Il avait l'air tellement jeune.

Mignon. Propre. Timide un peu. Réservé. Calme.

Je suis une fille prudente et organisée, sans en demander j'avais tout de même trouvé des photos de lui et je savais un peu à quoi m'attendre. 
Je savais que ça irait.

Je suis arrivée avec mon énergie, mon humour et mon envie que tout soit simple.

Cette envie forte que tout le monde soit bien, à l'aise, qui est sans doute ce qui me caractérise le plus.
Je crois.

Il te plait? Me chuchotera-t-il dans l'oreille?

Je sais qu'il demandera la même chose à son ami.

Tacitement, on sent que c'est bon, que c'est dans la poche et que ce ne pourra qu'être.

Je me sens bien. Je pétille par en-dedans. Je me trouve riche dans cette aventure que la vie m'apporte.

Ils dégagent la même énergie posée. La même douceur de fils de bonne famille. Je sens le respect qu'ils ont, l'éducation, l'intelligence. Je perçois leur amitié profonde dans cette écoute de l'autre et dans ce besoin que l'ami soit bien, heureux.
L'ouverture aussi.

Ça me plait car ça me rassure
.
Fond de désir entre ceux qui ont déjà parcouru le corps de l'autre. 
Se tenir la main sous la table, se retenir de s'embrasser à pleine bouche, s'effleurer et laisser parler le regard. 
Complices.
Les yeux disent tout.

Mais ce soir, ce ne sera pas un duo et implicitement, sans mots, on fera tout pour que ce soit inclusif et que personne ne se sente de trop. Le but c'est une nuit à trois, dans tous les sens du terme. Ce ne sera pas deux et un spectateur ou même deux avec un acteur occasionnel. C'est une pièce à trois dans laquelle personne n'aura le premier rôle.

-Une chambre.
Un lit king,
Central.-

Ça me plait.

Du Dégel, c'est ce que j'ai apporté à boire. 
Parce que je suis concept encore une fois, que j'aime le cidre tranquille et que ça ne se trouve qu'ici. C'est doux, un peu sucré.
Ça goute le pic-nic dans le verger.

J'ai commencé par embrasser celui que je connaissais déjà. 

Et c'est pendant qu'il s'est tourné pour mettre de la musique que j'ai embrassé son ami.

mardi 14 avril 2015

Chapitre 8 qui ne se racontera sans doute pas.


-Si on veut se revoir cette semaine, ce sera un plan à trois, me textera t-il. (bonhomme moqueur)

-Ah oui, que je lui retexte  (bonhomme sourire enthousiaste et béat)

-Ça fait partie de tes envies? qu'il me répond (bonhomme interrogateur)

-Vraiment! (bonhomme extatique)

-Alors nous pourrions organiser ça.?! (bonhomme sourire clin d'oeil)

Et parce que nous sommes des gens curieux de voir où les vagues aiment trainer avant de s'échouer, ce sera jeudi.

Si mes odeurs et celles de son ami se complètent bien.

Chapitre 7



-mon ami sera à Québec pour deux nuits.
-C'est une invitation?
-Dans tous les sens du terme, oui.

Se revoir.

Parce que c'est toujours mieux les secondes fois.

Prendre un verre avant, s'embrasser dans la rue, sentir cette envie dès que nos lèvres se touchent. Bien plus présente car construite sur les souvenirs d'une autre nuit. 

Réminiscences qui font vibrer. 

Parce qu'il y a déjà des repères. Cette façon que nos corps ont de s'emboiter, de se retrouver. Ce plaisir de se frotter l'odeur. Le tour de nuque, le lobe des oreilles, le coin des yeux, retrouver la douceur. Expectations de plaisirs à venir. 

Confiance que peu importe, ce sera bon dans cette certitude acquise par l'expérience que le meilleur se trouve souvent entre la première fois et l'habitude.

Marcher en riant. Se raconter un peu. Si peu. Ne pas trop creuser dans la vie de l'autre. Ne pas chercher à savoir ce qui n'est pas tant nécessaire. La saveur de l'instant éphémère ne demandant aucune enquête. Demeurer cette inconnue sans passé, rester ce paradoxe du présent. Ne pas se définir.

Recroiser le chat en remontant les marches. C'est le chat de la maison et il nous accompagnera en maitre dans l'appartement.

Ce sera jazz-relax pour cette nuit.

Ce sera de l'huile d'épinette sur le corps et du coureur des bois dans la bouche.

Suis concept.

Et, ce sera moi qui lui offrira la nuit. Parce que je l'ai décidé

-Je n'ai jamais couché avec une femme qui a pris le temps de me caresser longuement, m'avait-il déjà dit.

Ça tombe bien, j'ai le plaisir de donner que me confère mon âge.

Donner. 

C'est tellement facile.

Bien plus que de recevoir. 

Tellement plus.

J'ai le plaisir de donner que me confère surtout mes blessures.

Dans le don, je suis forte, puissante, en contrôle. Je domine, j'organise, je me rassure dans le plaisir de l'autre. Peur de déranger, d'être un fardeau, un poids, de tanner, de ne pas correspondre lorsque c'est le temps de recevoir. Il me faut être parfaite pour que l'autre ait envie de se coller à moi.

Pour me faire lâcher prise, faut être doué et patient, et insistant, un peu. Mais c'est surtout dans ma tête que le travail doit se faire. Je le sais bien.

Je me livre si peu dans une savante illusion de transparence.

Aube grise et pluvieuse après une nuit de vents déchainés dehors et de sensualité dedans. Faire durer le plaisir dans l'attente. Prendre le temps. Se retenir, le retenir. Plusieurs fois.

Dormir peu.

(...)

J'aime les chambres, le matin, après une nuit à faire l'amour.

Les vêtements par terre, les draps défaits, les verres à moitié vides, les chandelles mortes, les odeurs de sexe et d'huile qui flottent dans l'air, les bijoux qui trainent n'importe où, le foulard dans un coin, le soutien-gorge dans l'autre, les culottes sous le lit, les mouchoirs par terre, les enveloppes de condom sur la table de chevet. J'aime observer les restants, refaire l'histoire d'une nuit que me raconte chaque objet. Fantasme puissant de femme de chambre. Réécrire les unions éphémères des nuits passées à s'envoyer en l'air. Instantané unique d'un moment intime.

J'irai le conduire au travail. 

Je ramasse la chambre pendant qu'il se prépare. Refaire le lit, replacer comme si personne n'avait jouit, comme si rien n'était arrivé. Effacer les traces.

J'observe l'univers de l'autre, la vue qu'il a de sa fenêtre, les papiers sur la table, les livres qui trainent, les vêtements qui sèchent,  le permis de conduire international sur la commode où je lis son deuxième prénom, Ange.

J'observe une autre vie.

Et je m'excuse d'avoir bougé toute la nuit, d'être une si mauvaise dormeuse qui voit s'égrainer toutes les heures et qui attends impatiemment l'aube pour embraser l'autre.

Je m'excuse d'être.

Comme toujours.

-La prochaine fois, c'est moi qui donne, me dit-il. Me laisseras-tu faire?

Je souris.

Il te faudra, jeune homme, trouver les mots et le chemin.
Il me faudra te guider dans mes failles et mes doutes, dans mes travers et mes redoux.
Il me faudra laisser tomber quelques barrières.
Il te faudra savoir m'y guider, surtout.

Consciente de la nécessité d'y arriver.
D'être couchée et de me laisser aimer.

Envie d'y être déjà.

On surfe toujours sur la vague des possibles et du rien.

Pluie sur Montréal lorsque je le dépose en ville.



vendredi 10 avril 2015

Et....



Et…

Je n'irais pas.

À ce souper.

Parce que...

Parce que je viens de me trouver une première limite.

Parce que dans toute cette histoire, j'ai un peu l'impression de me faire organiser et que même si je clame souvent que j'aime le mâle dominant, je me découvre plus farouche à me faire mettre en boite. Cette impression de peu contrôler et d'être la souris entre les pates d'un gros matou.

Parce que j'ai en masse la tête pleine, là, maintenant, pour m'y rajouter, en plus, un truc étrange et un peu tordu. Et parce que je sais comment je risque de me sentir après. Ma recherche de ne construire que des belles histoires, fussent-elles éphémères, est soumise à cette appréhension du après. Ma peur de ne ressentir que du vide. 

On ne m'y reprendra plus.
Je me le suis jurée.

Puis, franchement, trouver un amant d'une seule nuit ce n'est pas vraiment difficile et je me demande bien ce qu'il a, lui, de si merveilleux pour que je le jeu en vaille la chandelle. Sa blonde avait beau me dire à quel point il embrassait bien et savait s'y prendre (et bon cuisinier, et magnifique appartement, et homme intelligent, et, et, et...) je n'ai pas eu cet élan du bassin qui m'aurait donné envie d'explorer les interdits avec lui.

Tout cela avait bien trop platement commencé pour finir en belle histoire qui réchauffe le dedans.

Et, surtout,  j'ai parlé avec mon vieil ami François. Qui vient du même coin que moi. Et qui s'avère connaitre assez bien le gars en question comme un de ses amis d'enfance.

-Ah! Ciboire, Tu vas pas coucher avec lui! C'est un trou de cul, un vantard qui se pense supérieur à tout le monde. Sans doute le gars le plus prétentieux et pédant que j'ai connu dans ma vie. Pfff…je peux pas croire qu'il va t'avoir dans son lit. Encore une preuve que les trous de culs finissent toujours par gagner!


Voilà.

Me semblait aussi.

Pas envie d'un pédant prétentieux.
Suis bien trop vulnérable pour ça.
Je le sais.
Vais devoir ensuite me recoller les miettes.
Une par une.

Puis, sans être le moindrement proche de me prendre pour un trophée, je me suis dis que, des fois, les trous de cul ne gagnent pas toujours.

Na!