vendredi 7 avril 2017

Se commettre

Des fois.
Souvent.
C’est presque trop.

Trop pour y croire vraiment.

20 fois plutôt qu’une durant le jour.
Presque autant la nuit.
Il me dit qu’il m’aime.

Que je suis belle, magnifique, merveilleuse.
Qu’il savoure la chance d’avoir eu cette autre chance.
D’être avec moi.
À me serrer jusqu’à plus soif dans des attaques de câlins.

Des fois.
Souvent.
J’ai de la misère à le croire.

Que je sois autant.
Aussi belle dans ses yeux.
Aussi désirable.

Des fois je me dis que c’est trop.
Que c’est nécessairement faux.

Je me demande alors si c’est un rôle.
Et si c’est vraiment possible d’en jouer un avec autant de conviction.

Cette peur qu’il bluff encore.

Et que je sois le confortable, le simple, le logique, le stable.
Le en attendant.

L’invitée au diner de con.

(…)

Depuis 5 mois.
Que l’on s’est revu.
Je n’ai pourtant rien à lui reprocher.

Pour vrai.

Il est plus que parfait.
Présent, intense, généreux, adéquat.

On dort toutes les nuits ensemble.
Il m’a présenté à ses parents, est venu voir les miens.
On fait d’ailleurs un souper pour Pâques, avec ses parents et les miens, et des amis.
Son idée.

Il m’appelle son amoureuse, sa blonde à lui.
Suis son bébé chat minou ou son minou-chat.
C’est ultra kétaine évidemment.

Il me dit qu’il a envie de prendre soin de moi indéfiniment.
Qu’il aimerait que je le laisse être mon homme à tout faire.

Et.
Il ne cache plus son cellulaire.

Il est peut-être juste plus doué?

(…)

Je me suis achetée une maison.

Comme ça.

Il y a deux semaines.

J’ai regardé sur le net, j’ai vu un truc sympathique, suis allée visiter le lendemain, j’ai fait une offre la journée d’après.

Voilà.

Sans doute ce que ça me prenait pour aller de l’avant.
Un coup de cœur vers un autre possible.

Pour quitter le statu quo.

Le confort de l’habitude.

Rompre avec la vie quotidienne, depuis 25 ans, avec mon ex.
Et, avoir une maison juste pour moi.

Changer de décor.

Me séparer pour vrai, dans les faits, dans la vie de tous les jours.

Devenir une adulte.
En quelque part.

(…)

Je vais donc déménager avec mes trois enfants qu’il me reste.
Mon grand étant déjà en appartement avec son mari.
Mon ex partant en appartement également.

Je vais déménager dans une petite maison que j’aime bien.

Et le géant?

Il a résilié son bail pour le mois de juillet.
Car il ne dort jamais dans l’appartement qu’il loue depuis deux ans.

Il est soit chez moi ou soit à son chalet, dans le nord.
Il paye pour rien ou pour 4-5 nuits par mois.
C’est un peu ridicule et cher la nuit, disons.

Alors, on s’est proposé qu’il me loue mon garage.
Celui de la nouvelle maison.

Parce que moi, un garage, j’en ai rien à faire…et que lui, c’est son rêve depuis toujours d’en avoir un.
Pour bizouner dedans.

Je n’ai pas besoin de son argent et je ne compte pas sur ça pour arriver.
Duh!

Mais, ce sera du extra, du beurre dans les épinards comme dirait ma maman.
Tant qu'à payer pour une chambre ailleurs dans laquelle il ne sera jamais, de toute manière.
Autant payer chez moi.

Puis.
On ne se le cachera pas.
Il est habile de ses mains, outillé et désireux de mettre les choses à mon gout.
Indéniablement des atouts qui vont me servir.

Bien naturellement, il dormira dans mon lit.
On rigole en disant que s'il est vraiment sage il aura, des fois, le droit de dormir dans le garage.

Je sais qu'il aimerait pouvoir dire que l'on va rester ensemble.
Je sais qu’il le dit à ses amis.
Qu'il se le dit dans sa tête.

On ne va pas rester ensemble que je lui réponds.
"Je ne veux pas qu'on reste ensemble!
Tu me loues mon garage la semaine et tu as ta maison dans le nord pour la fin de semaine."

Il sourit.

Il sait que je ne peux pas dire plus pour le moment.
Que j’ai besoin de déménager seule.
Que ce soit ma maison à moi.
Que je ne veux pas me commettre avec un gars comme lui.
Qu’il me fait peur.
Et que ma confiance en lui est encore de surface.

Mais.
Quand je m’échappe et que je lui parle de la housse de couette qui sera sur notre lit.

Je le vois sourire.
Avec ses yeux.

Inch allah aurait dit ma grand-mère.
Au pire dirait ma fille.

mardi 4 avril 2017

Printemps

Il me fait toujours autant jouir.
C’est fou.

Être capable de me lécher moi-même, c’est exactement comme ça que je ferais.
Rien de trop, rien de pas assez.

La langue à la bonne place, les doigts qui vont et viennent selon son feeling qui suit toujours le mien.
Comme s’il était moi, comme si mon sexe lui parlait, le guidait.

Intuitif, il se module à mon corps, à mes moindres pulsations.
Ses mains qui me tiennent les fesses ou les seins.
Qui me placent, me recentrent, me soulèvent.
Douces ou fortes, discrètes ou invasives.

Je n’ai rien à dire ou à demander.
Il sait.

Et c’est presque tous les matins et tous les soirs qu’il me fait jouir.
Juste avant qu’il ne jouisse à son tour, en me pénétrant alors que je suis encore toute ruisselante.
Ou tout juste après être venu, sans attendre, sans repos, en se gorgeant de mon désir.
Ou même sans jouir lui.
Pour mon simple plaisir.

Je n’ai jamais connu ça autant.
Cette envie si évident de mon sexe.

Et.

De me faire faire l’amour comme je me ferais l’amour.

Juste pour ça.
Même si cela peut sembler peu.

Je l’aime.

(…)

Nous avons dormi  dans la van pour la première nuit.

Il a boisé tous les murs, installé des lumières encastrées au plafond.
Ce n’est pas encore fini mais c’est déjà beau.
Chaleureux.

La van de mes rêves.
Ceux un peu fous d'être nomade.
Avec cette carapace mobile.

Le rêve de la tortue.

On a testé le lit.
Naturellement.

Un divan genre futon avec un matelas mousse dessus.
Une couette en plume.
Vraiment confortable.

Il a branché la chaufferette un peu avant la fin de la soirée avec les amis.
Juste le temps que cela soit chaud pour se déshabiller.
Que l'humidité soit chassée.
On a ouvert la trappe sur le toit pour respirer l'air frais du printemps tardif. 
On s'est roulée sous les couvertures.

Pour s'y aimer.