mardi 17 octobre 2017

La chambre en haut

Notre chambre est en haut.
Avec celle de ma fille et celle de mon fils.
Mon autre fils a sa chambre en bas.
Mon autre autre fils est en appartement avec son mari à Montréal.

Notre chambre est en haut
Avec cet apprivoisement d’un autre espace.
D’une autre maison.
Dans laquelle j’ai retrouvé la proximité des miens.
 
Avec lui.
(…)
Notre chambre.
Il prend pourtant si peu de place ce géant.
Il est venu sans meubles, sans objets fétiches à placer, sans enfants, sans souvenirs ou presque.
Les quelques choses qui sont à lui sont à son chalet, dans les pays d’en haut.
Il me laisse décorer comme je veux, sait que j’ai besoin d’avoir toute cette liberté de me sentir complètement chez moi.
J’ai acheté seule.
Mais…c’est aussi chez lui et j’aime qu’il s’y sente bien.
 
Qu’il s’y sente aussi chez nous. 

Alors, je lui laisse de la place.
Tranquillement.
Notre chambre.
Donc.

(…)
Je lui laisse organiser totalement mon garage et la grange attenante.
Son rêve depuis toujours.
D’avoir un garage qu’il peut arranger à sa guise.
 
Moi? un garage, je m’en fiche pas mal.
Lui? Première fois de sa vie qu’il a ça, un garage.
Pour un gars de char c’est comme Noel tous les jours.
Un garage.
Donc.
En blague on dit souvent qu’il me loue le garage et que s’il est gentil il pourra même dormir dedans, des fois.
On se trouve drôle.
Pour le moment, il creuse, va faire couler une dalle de béton, a renforci la structure, place l’électricité, isole des murs.
Va m’installer un petit coin dans son garage.
Pour que je puisse corriger quand il va gosser dedans.
Pour que je ne sois pas trop loin.
De lui.
(…)
 
On cohabite donc.
Lui, moi, les trois enfants, Guy le chat gris, Katana le chat roux.
Et.
Ça va fichtrement bien.
Lui, moi, les trois enfants, Guy le chat gris, Katana le chat roux.
Peut-être parce que nous sommes tous des gens faciles?
Sauf le chat roux qui est un bébé chat et qui fait pipi dans les plantes.
Des fois.
( …)
Dans notre chambre, on fait l’amour.
Souvent
Beaucoup.
Trop selon mes enfants.
 
Désavantage collatéral d’être tous ou presque sur le même étage.
Mais.
Bon.
C’est comme ça.
Je me dis que c’est sans doute mieux que de nous entendre nous chicaner.
On fait l’amour tous les jours ou presque.
Des fois, deux fois par jour.
Rarement trois mais ça arrive.
Des fois, aussi, on fait juste se coller, se flatter longuement, nus, avant de s’endormir dans les bras l’un de l’autre.
Ça aussi c’est faire l’amour.
 
Je trouve.
(…)
 
Il me dit souvent que ça fait du bien d’être heureux.
Qu’il ne pensait plus l’être comme ça.
Qu’il est enfin bien.
Il me remercie souvent.
De cette autre chance qu’il a eu.
Qu’il dit.
Je lui dis souvent qu’on se ressemble beaucoup dans notre manière de se coller le corps.
De s’éprendre.
Toutes les nuits.
De se toucher toujours un peu.
De nourrir notre relation.
Dans le « care » que nous avons mutuellement l’un pour l’autre.
L’un pour les autres.
Et, c’est sans doute le gars avec qui je suis le plus sereine.
Parce qu’il ne me laisse jamais « spiner ».
Et,
Parce qu’il se place de mon bord du lit pendant que je suis dans le bain.
Pour me réchauffer la place.

mercredi 11 octobre 2017

Tome à 2

Et.
Nous y sommes encore.
Dans cet ensemble.

Formé de lui et de moi.
Et, de plus encore,

Car, on y a greffé des tas de trucs.

Une vie quotidienne dans la même maison.
Des soupers avec des amis.
Des projets de voyages.

Des chats à flatter.
(…)

Il me fait à déjeuner le matin.
Parce que sinon je ne mange pas vraiment.
Et.
Parce qu’il est dans la cuisine avant moi.

Une tranche de pain et de la confiture.

Il en fait une à mon fils aussi.
Qui se force à la manger pour lui faire plaisir.
Car, lui comme moi, le matin, on ne mange pas vraiment.

Mais, lui comme moi, on aime bien faire plaisir.
(…)

Il va sortir mon vélo du garage.
Celui de mon fils aussi.
Il vérifie que tout est ok, que les casques sont sortis aussi, que les pneus ont de l’air.

Bonne route bébé chat qu’il me lance invariablement lorsque je quitte.
En m’embrassant toujours.

Il n’oublie jamais de m’embrasser.
Deux fois plutôt qu’une.
Et une troisième.
Aussi.
Pour la route.

Il n’oublie pas non plus de m’enlacer quand j’arrive.
De me serrer très fort contre lui la nuit.
Toute la nuit.

Le genre de gars qui a les bras toujours ouverts.
Qu’un simple mouvement de mon corps dans le lit suffit à faire se retourner pour m’éprendre.
Le genre de gars qui semble toujours me veiller.

Puis.

Il n’oublie pas de me texter pour me dire qu’il m’aime.
Qu’il a hâte de me retrouver le soir.
Pour me souhaiter bon diner bébé chat minou.

Il n’oublie pas de m’enrober.
(…)

Il sort de la maison quand je reviens avec l’épicerie.
Va prendre les sacs dans la voiture.

Me dit de laisser ça au grand gars.

Comme de tondre le gazon, de sortir les poubelles, de porter ou de réparer mille trucs.

Comme de le laisser me masser.
Il étend alors son bras de géant pour atteindre un flacon d’huile.
Sur la tablette en haut du lit.
Il me flatte doucement.
Attentivement.
Parce que je suis son bébé minou d’amour.
Qu’il me chuchote.

(…)
Des fois je me dis.
Puis.
Je lui dis aussi.

Que c’est peut-être parce qu’il m’a montré le plus laid de lui-même que je peux vraiment être moi avec lui.
Sans artifice.
Même si ce n’est pas tout le temps beau.

Et.
Peut-être que c’est parce que j’ai vu loin en dedans de lui.
Qu’il peut aussi être sans fard.
Avec toutes ses failles et toutes ses forces.

Peut-être alors que c’est uniquement en voyant l’autre nu, complètement nu et en le trouvant laid…qu’on est capable de le retrouver beau.

Peut-être.
(…)