mercredi 26 octobre 2016

Danser

C’est étrange.

Mes deux derniers amants furent des hommes silencieux et avares en compliments.

Aucune idée s’ils me trouvaient belle, désirable, intéressante, sensuelle, drôle…
Aucune idée s’ils avaient envie de me revoir lorsque je les quittais.

Après le géant qui me valorisait de tous les bords et de tous les côtés.
Qui me textait tout le temps.
C’est étrange et différent.
Très. 
Trop?

J’en suis à me dire que le géant mentait gros comme le bras pour m’avoir plus facilement dans son lit.
Ou que c’était juste un intense.

Enfin, mensonge ou pas, l’intense, ça m’allait.
J'avais même pas le temps d'avoir des attentes ou de me poser des questions.
Reposant en Ta.

Là?
Je compose avec des silences et des tas de non-dits.
Je danse sur la pointe des pieds en tentant de suivre la musique.
Celle dans ma tête, celle qui résonne dans celle des autres.

Et, j’apprends.
Surtout.
Apprendre, toujours.

À lâcher prise.
À n’être en attente de rien ni de personne.
À vivre le moment sans projection future.

À me taire aussi.
Caméléon que je suis.
J'apprends à me la fermer un peu.
À préserver des parts de moi, juste pour moi.
À ne pas tout partager de mon intérieur.

Ce qui n’est pas plus mal.
Je trouve.

(…)

Samedi.

Soirée chez le gars de la terrasse et de la fellation dans le char.
Celui en mode découverte.

Enfin soirée dans le futur chez lui qu’il vient d’acheter mais qui est encore à son beau-père.
Il y déménage la semaine prochaine.
Le beau-père ira en haut, son fils dans le bachelor qu’il occupe présentement en bas et lui au premier avec sa fille.

Il s’est séparé en août.
Serein et content de cette séparation.
Mais.
Tout frais encore.

Il doit gérer le nouvel horaire de garde et tout le reste.
Son ex qui a racheté la maison, les enfants qui vivront une semaine chez lui, la gestion des activités, les souvenirs à mettre dans des boites.
Au propre comme au figuré.

Bref.

Il m’a invité à souper.

En s’occupant du repas, du fromage et du vin tout en me laissant un peu de marge si je voulais une entrée ou un dessert.

(…)

On s’est effleurés timidement les lèvres lorsque je suis arrivée.

Me suis assise sur le comptoir comme je fais toujours quand un homme cuisine pour moi.
Et parce que j’aime les comptoirs.

On a pris notre temps avant de s’embrasser vraiment.

Pendant que le riz cuisait, avec ce gout du Bergerac de l’apéro dans la bouche

Et on a pris le temps de manger avant de passer au lit.

Dans un bachelor, le lit est évident de toute manière.
Indéniablement la place où nous allions finir.

Duh.

(...)

C’est un homme affectueux, qui serre bien dans les bras et qui embrasse sur le front.
Geste attendrissant entre tous, je trouve, et qui me fait toujours sourire.

On a fait l’amour 3-4 fois.
Enfin, il a jouit 3 fois et moi une.

Probablement l’homme avec le plus beau corps que j’ai vu de toute ma vie.
Un vrai sportif tout en muscles de cycliste et de coureur de nombreux marathons.
Michel-Ange aurait assurément eu envie de le sculpter dans le marbre.

Puis.
Du poil doux.
Pas trimé, ce qui a ce charme suranné et naturel que j'aime bien.

Mais.
Je l’ai déjà dit.

L’esthétique d’un corps, c’est très over rated dans le désir de l'autre de toute manière.
Fait un bout que j'ai compris ça.
C'est bon pour le corps des autres, c'est bon pour le mien aussi.

Le sexe était ok.

Classique.
Rien pour réinventer le genre du coït.

Silencieux beaucoup.
Étrange toujours un peu, je trouve.
Moi qui aime tant les mots au lit.

Il ne dit rien après non plus.
Enfin, rien sur le sexe ou ses envies.

Sinon on parle voyage et autres gugusseries.

Bah.
Pourquoi pas.

On va prendre ça comme un work in progress.
Comme une chorégraphie en construction.

(…)

Je suis partie avant minuit.

On s’est embrassé dans l’entrée.

Sans promesse de rien.
Sans au revoir.

As usual.

Je quitte toujours comme si c’était la dernière fois.

(…)

Il m’a retexté deux jours plus tard.

Me disant qu’on ne s’était pas rendus aux fromages.
Et que ce sera alors pour une prochaine fois…

J’ai répondu que ce serait un beau défi et qu’on devrait plutôt envisager de manger le fromage en entrée.

Je n'ai pas été surprise qu'il me texte.

Je ne l'aurais pas plus été s'il ne l'avait pas fait.

Voilà.

Je le laisse déménager, organiser ses choses, avoir envie de…

Je le laisse mener la danse.

Dans ce pas de deux où personne n’a envie de s’enfarger trop vite dans le tapis.


1 commentaire:

  1. Je sais que tu ne me juges pas et que tu veux m aider et je sais que je suis pas facile... Mais j t aime pareil moi aussi ;)

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