mardi 8 mars 2016

Chambre 714


Je savais que je me rendrais là avec lui.

J’avais vu plusieurs photos, on se textait depuis un mois, sa situation m’allait et j’avais cette envie de faire l’amour, d’embrasser, de découvrir un autre corps.

Envie de me changer les idées aussi dans ce début un peu dur de mars avec ces réminiscences d’une rupture qui m’avait laissé pantelante, il y a tout juste un an.

(Toujours pas certaine d’en être totalement revenue d’ailleurs, de cette rupture.)

Bref, je savais qu’à moins qu’il ne parle avec un cheveu sur la langue ou qu’il ne dégage vraiment rien de bon, on finirait probablement la soirée au lit.

J’avais même apporté ma brosse à dent.

Juste au cas.

(..)

Il était déjà au resto.

Pareil à ses photos. 
Plus grand que je le pensais.

Un accent comme dans les films de Marcel Pagnol.

Me suis assise en sachant que je coucherais avec lui.

Je l’ai vu dans ses yeux qu’il le savait aussi.

(…)

On a mangé.

On a bu.

Il a répondu à sa femme au téléphone.

Suis allée aux toilettes pendant ce temps.

On s’est embrassé.

Il a insisté pour payer.
On a pris ma voiture.

Il m’a guidé vers cet hôtel chic du centre-ville où il avait réservé une suite.

J’ai donné la clef de ma voiture au valet.

Et. 

Il a commandé du champagne à la réception.

Je lui ait souhaité d’avoir un bon compte de dépense.

(...)

J’aime les chambres d’hôtel.

Cet aspect impersonnel, propre.

L’éclairage, la décoration, le lit qui prend toute la place.

Les multiples oreillers.
  

(…)

J’ai mis de la musique.

J'ai déboutonné sa chemise.

Il a glissé ses mains sous mon chandail. 

On a ouvert le champagne.

Une scène classique qui ne réinventait pas le genre baise à l’hotel.

(…)

On a fait l’amour.

Beau corps solide d’homme.

Poilu.

Mains fines et élégantes.

Langue agile.

Sexe de format agréable.

Doux sous ma langue.
 
Pour une première fois c’était plus que très respectable.

Moi qui n’aime pas tant les premières fois.

Et.

Avec ce « putaing que tu suces bieng », échappé au cœur de la nuit, c’était toute la Provence qui me faisait l’amour.

Les cigales en moins.

(..)

Je suis restée pour la nuit.

Il m’a collé tout le temps.

Présence confortable.

Ses bras ramassant les bouts de moi qui s’éparpillaient entre les draps.

On a refait l’amour entre deux rêves.

(…)

C’est un lève-tôt qui avait déjà du travail vers 7 heures du matin.

Il est allé prendre sa douche.

A parlé à sa femme depuis la salle de bain.

Me suis habillée pendant ce temps-là.

Ramassé mes bijoux disséminés.

Fait le tour de la chambre pour ne rien oublier.

(…)

Étonné que je sois déjà habillé, il m'a proposé de partager sa brosse à dents.

J'ai trouvé ça gentil.

Je l'ai regardé se raser.

J'ai toujours aimé voir un homme nu se raser.

Je m'installe alors derrière lui.
Je passe mes mains autour de sa taille.
Je le masturbe lentement.
Mes yeux, par dessus son épaule.
Je le regarde par-delà le miroir.    


(...) 

Il avait commandé avec la chambre un déjeuner pour deux personnes.

Me suis sauvée avant.

« Tu quittes déjà?»

Ça l’a un peu décontenancé.

Comment lui dire que c’est comme ça que je me protège?

Que dans ma peur d’incommoder ou de sentir du rejet, j’aime mieux partir avant d’avoir l’impression de déranger, même légèrement.

Je me dis que l’autre n’ose peut-être pas me dire que je suis de trop et qu’il aimerait peut-être mieux être seul.

Bref,

Je prends toujours les devants.

Je m’assure ainsi de ne pas souffrir.

Ou de souffrir moins.

Je n'aime pas piéger.

Et.  

Je pense pour lui.

(…)

Il m’a texté 10 minutes après mon départ pour s’assurer que tout était ok, pour me dire que ça lui faisait étrange que je sois partie aussi soudainement, pour me remercier pour l’excellente nuit et pour me dire qu’il aimerait me revoir.

J’ai répondu que je ne savais jamais vraiment comment partir, que je ne voulais pas imposer, que je ne connaissais pas trop les codes à suivre pour ce genre de situation.

M’a dit qu’il comprenait, qu’il savait que c’était bizarre qu’il doive travailler si tôt et parler avec sa femme pour lui dire que tout allait bien mais, qu’il avait très aimé m’avoir pour lui. M'a remercié encore pour le merveilleux moment.

M'a envoyé la photo du déjeuner que je manquais.

Et,

M’a parlé de la prochaine fois.

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