mercredi 30 mars 2016

De l'apprivoisement et autres considérations

Il me dit ne pas vouloir de blonde.

Qu’il est un bien trop mauvais chum pour ça.

Il déteste les soupers de famille, oublie la moitié des trucs à l’épicerie, a un déficit d'attention dans le tapis, n’est pas vraiment attentionné, ne parle pas trop de ses émotions, aime trop être avec ses chums pour qu’une fille soit bien dans ça. 

Pour lui, être en couple, c’est ne plus être soi, c’est devoir faire attention, cacher des choses, rendre des comptes. Sa dernière blonde l’a trompé solide, manipulée aussi. Il en est ressortit blessé en se disant « plus jamais ».

Ça tombe bien.

Moi, avoir pas de chum, ça fait pas mal mon affaire en ce moment.
Même si je ne sais pas trop encore comment ça marche.
Même si je sais que je nage mal dans le floue.
Aussi artistique soit-il.
Suis poche dans les zones grises relationnelles.
Je le sais.

Il a eu peur de tomber amoureux de moi.
J’ai eu peur de tomber amoureuse de lui. 

On s'est tout dit ça. 
Et même plus.
On se dit tout ça encore. 
Et même plus.
On a même pensé arrêter de se voir. 
Avant d’avoir de la peine. 
Mais.
On n’a pas trop envie.
Ni d’avoir de la peine, ni d’arrêter de se voir.

Nous sommes le renard qui craignons l’apprivoisement.

(…)

On le sait qu’on n’est pas notre genre.
Mutuellement.
Pour vrai.
C'est même pas une figure de style.
C'est de la réalité dans la face.

Tout le temps.

"Pas une fille va accepter que je passe du temps à aller dépanner des chums encore trop saouls à midi du party de la veille, parce que l’auto d’un des gars, pas réveillable, bloque le char de tous les autres. Pas une fille va trouver ça cool que la gang débarque au chalet pour construire en une soirée une rampe de bmx en dedans...et pour faire du bike comme des ti-culs jusqu'à 2 heures du matin. C’est ça mon monde pis c'est pas pantoute le tien."

Son monde.
Je l'observe comme une anthropologue sénégalaise en visite dans les Pays d'en haut.

Mais. 
Quand il me tient les hanches de ses deux mains.

Ayoye pareil.


(…)

Je suis toujours surprise de rencontrer des gars d’un certain âge, qui ont eu plusieurs relations dans leur vie, un bon nombre d’amantes, et qui n’ont pas connu des trucs qui me semblent si évident à faire à deux.
Qui sont pour moi des incontournables.

Se faire masser le sexe avec de l’huile, à la lumière des chandelles.

Se faire masser les pieds aussi.

Se faire masser le tour des oreilles, la tête, les mains. 

On sous-évalue tellement le plaisir de se faire masser les extrémités.
Une drogue douce.
Une drogue dure.
Aussi.

Prendre sa douche ensemble, le matin, pour le plaisir de continuer la conversation de la nuit tout en lavant le corps de l’autre.

Dormir nu contre le corps d’une femme qui ne se rhabille pas après avoir fait l’amour.
Qui dort nue tout simplement.

Pouvoir pénétrer un sexe humide en plein milieu de la nuit, doucement, sur le côté, et se rendormir ensuite tranquillement en laissant son sexe en l’autre.

Parler entre toutes les fois que l’on jouit. 
Parler franc surtout. 
Avec transparence. 
Sans pudeur.
Se parler avec le cœur à nu.
Avec les tripes offertes.
En pâture.

« Tu vois, si on était un couple, on ne pourrait pas se parler comme ça, on serait obligé de marcher sur des œufs » qu’il me dit.

Pauvre géant minou, je ne sais pas trop avec quel genre de filles tu as été dans ta vie mais ce ne devait pas être des littéraires ou tu es vraiment mal tombé.

Parce que.
Pour moi.
Être à deux dans un lit, couple ou pas, amoureux ou pas, baise d’une nuit ou d’une vie, c’est pas mal toujours se parler de même.

Je ne connais pas d’autres manières de faire.

Va te falloir vivre avec.

Et.

C’est addictif.
Le bien-être.

Mais, ça, t’es déjà prévenu.

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