Monter les escaliers.
Refermer la porte de sa chambre.
Des livres sur une petite bibliothèque qui
accrochent naturellement mon regard.
Chambre simple mais confortable. Grandes
fenêtres. Le lit est fait. Un vélo dans un coin, une petite table basse, une
carte du Canada avec un trajet tracé au feutre noir.
Il branche son téléphone. Met de la musique. Mots
clés "sex relax". Je le saurais plus tard et ça m'a fait pouffer de
rire quand il m'a dit ça. Ça me fait encore rire d'ailleurs. Je veux "sex
relax" dans ma voiture!
Lumières ok mais que je vais baisser tout de même un peu.
J'ai la pudeur de mon âge.
Depuis le début ou presque, j'ai cette envie très forte de devenir un beau souvenir de voyage.
C'est une belle idée, je trouve, être un souvenir de voyage.
C'est sans doute la plus belle des idées,
d'ailleurs. Se placer entre la première neige sur la ville, la découverte des
escaliers extérieurs des maisons montréalaises, la vue depuis le Mont-Royal et
le plaisir d'entendre mille fois les gens dirent "tu veux-tu"? Envie
d'être intimement lié, pour lui, à cette période de sa vie de voyageur un peu
égaré à Montréal dans cette fin d'hiver qui s'éternise.
Devenir ultimement le genre de souvenir de vieux qui tient chaud au ventre et qui fait sourire quand on se prend à le caresser, bien des années plus tard.
Faire partie de la quête, être l'exotisme.
Savoir être sa première "québécoise" et du coup, prendre cela très au sérieux.
Je suis patriotique, de même, moi. Très
hospitalière de nature. Fière d'être descendante de ce peuple chaleureux au
cœur plus grand que nature. Une race de survivantes sur un sol aride.
(…)
Et, je n'arrive pas à trouver les mots pour décrire.
Ou ils sont trop pauvres et fades pour partager ce qui a été.
Faudrait que je poétise, ultime recours.
Il n'y eu pas une nuit au fait, mais mille nuits dans une.
Nuit blanche faite de parcelles de multiples moments.
Pleine.
Ah oui, du sexe très certainement, mais il fut là
presque comme un accessoire. Comme si le but était ailleurs que dans la quête
du plaisir purement physique. Il y avait, cette nuit-là, que deux humains
contents, avant tout, de se mettre à nu et de s'enrouler de l'autre. Un partage
éphémère d'humanité.
Se respirer le visage, s'assoupir dans un
souffle, bouche contre bouche. Laisser ses mains s'égarer dans les plis, les
recoins. Masser. Toucher inlassablement. Parler aussi. Entre chacune des fois.
Parler comme seuls les amants peuvent le faire. Avec l'odeur de l'autre en
soi.
Maladresses aussi. De ma part. De la sienne. Nous
n'étions pas dans un film de soft porn. On était dans la fucking de vraie vie
avec tout ce qui vient avec. Maladresse de premières fois où le corps de
l'autre demeure une énigme.
Trouver que la lumière éteinte c'est un peu plus
facile. Se sentir bien dans le regard qu'il pose. Savoir que nous sommes
heureux d'y être, ensemble, dans ce moment présent.
L'histoire qui fait du bien est dans la boite.
Peu importe la suite des choses.
-Tu veux que j'y aille
-Chut, je ne veux pas que tu partes.
Le sentir sincère. Le croire.
Se réveiller. Le voir lever un œil sur moi.
-T'es belle le matin
Rire parce qu'il est un tantinet menteur.
Faire l'amour dans le jour naissant avec ce soleil qui pénètre la chambre.
Pour la dernière fois.
Pour la dernière fois?
Avant que je ne parte.
"Monter les escaliers", c'est en soi érotique. Bon début et belle fin... peut-être?
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