S'écrire.
Parce que c'est séduisant.
Souvent bien plus érotique que
d'autres choses. Pour moi, mais pour tout le monde aussi même si les gens ne
s'en rendent pas toujours compte. Il y a un pouvoir puissant dans la
correspondance. Très. C'est une arme de destruction émotive et
charnelle.
Massive
Massive
C'est un jeu. Celui du chat et de
la souris. Du non-dit. Un pas de deux. Un ballet.
Je suis une fille de mots mais
c'est le plus souvent entre les lignes de mes silences que je parle le plus.
Pas simple par contre de trouver
le ton. Errance un peu. Étrange aussi parce que je n'écris pas à un ami, ni à
un possible chum. J'écris à un gars avec qui je vais faire, presque assurément,
l'amour la prochaine fois que je vais le voir et que je ne connais que depuis
quelques heures, sans plus. Un peu étrange pareil. Trash? Érotico-timide?
Échange sur la littérature québécoise? Discussion sur le sens de la vie?
Partage de vécu? Pas simple de construire un fil conducteur.
Je connais le couple monogame
stable depuis mes 16 ans. Suis bonne en TA pour être la blonde de quelqu'un car
je connais tous les codes. Là, j'avoue que je tâtonne un peu pour viser le plus juste
possible.
Mes mots le séduisent. Pouvoir enivrant qu'il me dit. Ils sont surtout chargés du sens que je veux bien leur donner.
Je m'amuse aussi. Outre le lit,
c'est mon terrain de jeu préféré.
On se construit un désir. Des
attentes. Des bribes de partage de soi entrecoupées de liens vers de la musique
qui nous parle. Je construis ce que je trouve important pour ne pas avoir
cette impression de n'être qu'un trip de cul. Je construis aussi parce que
j'aime les histoires qui sonnent bien et que, même si elles doivent finir
rapidement, sont riches d'un tas de petites particules de plaisir. J'aime les
histoires pleines et qui laissent des traces positives chez moi comme chez
l'autre. Et j'ai surtout crissement besoin, en ce moment, d'une belle histoire fut-elle
fugace.
Ce sera vendredi. Parce que nous
aurons toute la nuit et plus. J'aime avoir du temps pour faire l'amour même si
je laisse à l'autre toutes les portes de sorties possible pour qu'il ne se
sente pas piégé.
Tu sais, ce n'est pas obligé d'être toute la nuit, j'ai une voiture et
je peux partir n'importe quand. Je peux aussi venir un soir de semaine, comme
ça, si tu es tanné, tu sais que je vais nécessairement devoir partir de bonne
heure.
Il trouve ça drôle ce qui ne
l'est, en définitive, pas vraiment.
Je m'efforce vainement, de
baisser ses attentes. Je suis une femme de 43 ans, pas certaine qu'il se soit
déjà ramassé au lit avec ça. J'ai eu des enfants et même si je compense par de
l'humour et une relative créativité horizontale, je ne me fais pas d'illusion
et je ne veux surtout pas que l'autre s'en fasse. Et parce que toute habillée, mes failles ne paraissent pas, on ne discerne que peu toutes les marques que je porte sur moi.
En moi surtout.
En moi surtout.
Je me protège dans tout ça. Le sait-il?
Je me construis une carapace qui va me permettre de survivre à toutes les situations.
Je suis de celles qui restent lorsque le monde explose.
Je me construis une carapace qui va me permettre de survivre à toutes les situations.
Je suis de celles qui restent lorsque le monde explose.
Au fait, c'est bien plus
rassurant pour moi de coucher avec un homme de 50 ans. Qui aurait peut-être eu
une femme, des enfants…qui en aurait sans doute vu bien d'autres. C'est moins
confrontant, moins susceptible d'être blessant surtout.
Vendredi donc.
On ira prendre un verre avant.
J'aime ça. Parce que bon, même si
la finalité est de se retrouver au lit, il y a tout un enrobage avant. C'est
comme déballer un cadeau en faisant un peu attention de ne pas scrapper le beau
papier.
Vendredi glurp.
Appréhensions tout de même. J'ai
l'impression que je m'en vais prendre l'avion avec ce mélange d'excitation sur
la perspective du voyage et de crainte sur les risques possibles de foncer dans
une quelconque montagne alpine.
19 heures, top chrono suisse.
Je suis rarement en retard.
Ou si peu souvent.
Je suis rarement en retard.
Ou si peu souvent.
Il me rejoint dans ma voiture. Je
le trouve toujours aussi beau, il sent toujours aussi bon et ses lèvres sont
toujours aussi magnifiquement adéquates. Nos bouches sont contentes de se
retrouver, nos yeux aussi.
J'ai mis de la brume dans ses
lunettes au sens propre et je lui dis en sachant pertinemment que pour lui, ça
n'a pas d'autres références culturelles.
On va boire un verre. Il me tient
la taille en marchant. Il tombe des peaux de lièvres sur Montréal, pour de vrai et c'est juste beau.
J'aime ma ville et je suis fière de la voir, ce soir, si magnifique.
J'aime ma ville et je suis fière de la voir, ce soir, si magnifique.
La distillerie sur Masson.
Un chouette bar avec une
banquette en coin que nous squatterons quelques heures. Et on se parle, et on
se touche, et on se frôle, et on sait où on s'en va sans être encore trop pressés d'y être.
Certitude d'avoir du temps et que le chemin est aussi agréable que le but.
On a toute la nuit et à la limite toute l'éternité.
Conscient, tous les deux, du plaisir de l'attente et de la richesse du moment.
C'est un voyageur, ce jeune homme, qui s'en va en juillet en autobus jusqu'à Victoria, juste pour le plaisir de regarder défiler le paysage devant ses yeux pendant 3 jours. Un contemplatif.
On a toute la nuit et à la limite toute l'éternité.
Conscient, tous les deux, du plaisir de l'attente et de la richesse du moment.
C'est un voyageur, ce jeune homme, qui s'en va en juillet en autobus jusqu'à Victoria, juste pour le plaisir de regarder défiler le paysage devant ses yeux pendant 3 jours. Un contemplatif.
Je me sens séduisante dans son
regard. Il a ce tour, ce pouvoir de faire sentir une femme vraiment femme,
belle, intéressante, attirante.
Pas si commun parce que ça ne s'apprend pas. C'est de
même.
On parle de moins en moins et on
s'embrasse de plus en plus. L'arrivée de nouveaux clients pour partager la
banquette nous fait quitter le bar…
De toute manière, l'enregistrement était terminé.
C'était le temps de prendre l'avion.
C'était le temps de prendre l'avion.
Comme c'est joliment écrit! C'est vrai que tu as le tour avec les mots. Tu enseignes toujours le français? Mon expérience avec les sites de rencontre, où je suis arrivée bien plus vieille que toi, est qu'effectivement les femmes mûres (bon ok, tu n'es pas mûre encore mais tu es plus mûre que ton jeune ami!) pognent en tabarouette. Jusqu'à 55 ans, je dirais. Tu as encore de fort belles années devant toi et ce serait fou de ne pas en profiter. C'est légal, permis et ça enrichit la vie. Ne passe pas à côté. Mais ton prochain billet nous dira sûrement que non, tu n'es pas passée à côté... ;o)
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