Un site de rencontre.
Je suis le stéréotype de la femme de 43 ans. Celle qui est célibataire, qui a perdu du poids, qui mange végétarien, qui s'est mise à la course et qui voyage sac sur le dos hors des sentiers battus mais que, finalement, tout le monde bat pareil. Une caricature de son époque. Il me manque l'aquaspinning et les fins de semaine de méditation pour être dans le top des top.
Je suis le stéréotype de la femme de 43 ans. Celle qui est célibataire, qui a perdu du poids, qui mange végétarien, qui s'est mise à la course et qui voyage sac sur le dos hors des sentiers battus mais que, finalement, tout le monde bat pareil. Une caricature de son époque. Il me manque l'aquaspinning et les fins de semaine de méditation pour être dans le top des top.
Être si semblable aux autres dans cette envie d'être si
unique.
Je me regarde d'un œil froid et externe et je me moque.
Même écrire ce que j'écris ici est caricatural, semblable,
symptomatique de notre quête de sens façon 2015.
Je corresponds encore et c'est lassant de tant de normalité.
Site de rencontre, alors.
Surfer sur la vague de la misère
humaine dans ce besoin de se sentir belle dans le regard des autres. Ne pas
être déjà hors concours dans le jeu de la séduction. Désirer et se faire
désirer. Se sentir vivre. Écarter la mort. Repousser l'âge et ce qui vient
avec. Plaire encore, peut-être?
À la recherche de soi-même, finalement.
Et, combler le vide de la solitude parce qu'il nous oblige à
réfléchir. Remplir le trou. Se brouiller la tête pour oublier que nous ne
sommes que passage.
Site de rencontre, donc.
Des photos qui défilent sous mes
yeux. Magasinage en ligne. D'un clic, écarter le gros chauve avec des lunettes
fumées, le gars qui pose avec des bananes sur sa tête, le dude torse nue avec
une bière, le trop beau pour être vrai, le trop laid pour être rêve. Clic non,
clic non, clic non. Rapide. Pas de temps à perdre quand il est question de bannir
ces gens instantanément du cercle des possibles. Sont morts dans ma vie.
Inexistants. Du rien.
Ne plus vraiment réfléchir et
appuyer sur le x machinalement. Tout le monde est laid, moche, insignifiant
dans la multitude. Masse informe dont je fais partie, moi aussi. Je suis la
masse de l'autre.
Un clic trop à droite et voilà
que sans le vouloir nous avons aimé une photo. Et, quelle photo!? Fallait
vraiment être à côté de ses clics. Après lecture attentive de la fiche, c'est
encore pire. Sans doute la fiche la plus moche lue jusqu'à présent et surtout
écrite par un jeune blanc bec de 26 ans. Morte de rire, je suis presque. C'est
LumberiesJS qui bouche ouverte et à la recherche de "hot sensation" qui
me pointe un plat de pâte informe. Est bon au lit, entre autre. Trop de livres
et de films qu'il aime pour en faire la liste. Misère. Découragement de m'être
égarée la souris. Bah, ça prête peu à conséquence, en général, si ce n'est que
le Lumberies en question avait aussi aimé notre fiche (l'avait-il lu?). Bah,
encore une fois, bien peu de conséquences à ça aussi. Fonction
"dislike"? pas vraiment cherché.
Un message, dans ma boite aux
lettres virtuelles.
LumberiesJS qui me parle de l'Inde.
Sans faute.
Surprise, je suis.
Surprise, je suis.
Parce que je suis de mon époque et que je suis pleine de préjugés.
Je lui réponds illico en lui
expliquant et en m'excusant de ma bévue. Je pourrais être sa mère, je n'aime
pas les jeunes de toute manière et je suis fort dubitative sur les
motivations d'un type de 26 ans à parler avec une femme de mon âge.Pari avec des amis? tableau de chasse? fantasme de cegepien? lecteur d'Alexandre Jardin?
Réponse encore agréable et
charmante du Lumberies.
Ah, le p'tit criss.
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