Nous devrions tous commencer nos rencontres par embrasser l'autre.
Me semble que ça serait plus
simple comme ça.
Découvrir sa bouche délicatement,
en faire le tour avec sa langue, apprivoiser les saveurs. Voir si
harmonieusement nos salives se plaisent. Ensuite on parlera dans un échange
teinté de ce contact intime.
Création instantanée de liens.
Speed fusion.
Dans son oreille, c'est ce que je
lui chuchote.
Le couple à côté de nous et qui en sont aussi à leur première rencontre
devrait vraiment s'embrasser. Ils verraient tout de suite si ça fitte…ouais,
j'aurais dû t'embrasser dès mon arrivée finalement.
On rit beaucoup.
Ses lèvres sont définitivement
confortables, pulpeuses, avenantes.
Il sent bon la vanille et le
bois. Discrète odeur mais qui restera longtemps sur moi.
Il me sent beaucoup aussi, des
mains qui frôlent mon visage, la nuque, qui écartent mes cheveux qui me tombent
devant les yeux. Doux.
On recommande à boire.
Une Dom juan pour lui…juste pour
être concept.
On rit.
Nous sommes seuls, au milieu de
tous. Comme tous les gens qui se découvrent pour la première fois. Le ton
change, la discussion s'installe entrecoupée d'exploration du visage de l'autre.
Je lui dis que je n'aime pas les
jeunes, enfin, en général, et que mes fantasmes sont peuplés d'homme murs et
grisonnants. Je n'ai pas cette envie d'initiatrice, de montreuse de choses, de
maitresse d'école. Zéro ma zone de confort habituelle. Il sera mon premier
jeune (et de loin) et mon premier français aussi. Il hésite entre se sentir
flatté ou intimidé par cette responsabilité de porter la réputation de son
peuple au lit. Il rigole naturellement car il ne semble intimidé par rien.
J'ai payé, en bonne féline que je
suis.
Il a ri.
Nous avons ensuite changé de terrain
de jeux et sommes allés manger question de traumatiser un peu les serveurs
vietnamiens si pudiques de nature.
Il a payé, en bon mâle qu'il est.
J'ai ri.
Sur le trottoir, il est plus
grand que moi.
Je ne vois rien de son corps. Ses
mains sont discrètes même si sa bouche se fait insistante.
-Qu'est-ce qu'on fait?
-Je te ramène chez toi et on avisera.
Je le ramène, on s'embrasse aux
feux rouges. J'hésite entre trouver cela vraiment chouette ou vaguement
ridicule. Un conducteur nous klaxonne gentiment comme pour un mariage. J'hésite
à l'amener sur le Mont-Royal pour faire du necking dans le char comme je
faisais à 15 ans. Ce serait très montréalais comme expérience et j'ai l'âme d'une guide touristique mais je trouve
vraiment que j'ai passé l'âge.
Il y a un âge ?
Tu ne me croiras pas, je le sais,
mais tu es belle
Je ris. Non, je ne te crois pas,
je ne crois plus personne de toute manière, mais c'est gentil.
-Tu veux monter?
Est-ce que je veux monter? Oui, naturellement. Mais je sais aussi ce que je risque de ressentir après. Je me connais trop et je me sais fragile aussi.
Est-ce que je veux monter? Oui, naturellement. Mais je sais aussi ce que je risque de ressentir après. Je me connais trop et je me sais fragile aussi.
-Hum, honnêtement, je vais monter si tu as envie de clore l'affaire ce
soir car j'aime terminer des chapitres. Mais, personnellement j'aime mieux
attendre une autre fois. C'est plus moi d'attendre un peu. J'aime construire le
désir et les one night du genre rencontre-baise-départ en quelques heures, je
ne sais pas trop comment faire.
Ceci dit, j'ai envie de faire l'amour avec toi et déjà merci pour ça.
-On se revoit, qu'il me dit alors…ça me va aussi d'attendre.
Je suis une expérience pour lui.
Il en est une pour moi.
Il m'oblige à jouer avec
l'élastique de ma morale.
À modifier mes schèmes de relations.
À ne pas avoir d'attentes et à me jeter dans le vide.
C'est un peu comme partir en
voyage. Attrait de la découverte, peur de l'inconnu, un certain lâcher prise
sur les évènements, ne pas savoir de quoi sera fait demain, gouter autre chose.
L'espace de quelques heures.
Il est mon voyage et je suis le
sien.
Très beau texte, belle histoire, à suivre <3
RépondreSupprimerBienvenue dans le monde des séductrices ;)
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