vendredi 27 mars 2015

Chapitre 2



St-Denis coin Jarry
Neige fondante sur Montréal.


Je l'ai vu à travers la baie vitrée du café.
Chevelu et barbu.


J'aime les barbes sans trop savoir pourquoi. Il y a quelque chose de primitif dans un homme à barbe. Très viril aussi. Oui, je sais. Lieux communs de mon époque, encore une fois.
Bien plus mignon que sur ses photos. Très loin de ce que j'imaginais.


Vraiment loin.


Un je ne sais quoi qui me rappelait un je ne sais trop qui.


J'ai souri.
Au fait, toute la situation me faisait sourire.
J'assumais d'être là.
Je crois.


Je suis arrivée en m'excusant de mon retard. Tourbillon de manteau qu'on enlève.
Me suis assise et j'ai plongé mes yeux dans les siens.
Verts.
Doux.
Posés amusés sur moi. Un quelque chose qui brillait en coin.


J'ai souri encore et je l'ai remercié de ne pas avoir mis de casquette à l'envers ou de chemise à carreaux.


Il a ri.


Je suis une fille gênée, bien plus qu'il n'y parait. L'histoire de ma vie. Je dégage de l'assurance mais je suis une petite chose en dedans. Je joue bien.
Gênée, très, je suis donc.

Commande du serveur, sourire en coin (le mien).

Je me demande de quoi tout cela peut bien avoir l'air. Je jase avec mon fils? Un neveu? Un jeune qui veut une job? On ne se fiche jamais complètement du regard social.


Belle voix.
Un français.
Mais ça, je le savais.
Je l'ai su après deux échanges de textos. Pas un québécois qui est capable de draguer une femme comme ça, tout en subtilité dans un savant mélange de retenu et de rentre dedans. Je stéréotype à mort mais pas tant. L'homme québécois est plus pétillant à la vue d'une machine à café que devant les courbes d'une femme…ou juste incapable de se permettre le regard.


Sourire, rire.
Et tout coule tellement facilement.

(…)


Et sa main qui éventuellement me frôle, ou est-ce la mienne qui frôle la sienne? Sentir à un moment donné qu'il y a un courant possible dans un savant je-ne-sais-quoi dans l'air. Être heureuse juste de sentir ça. Heureuse de se sentir avoir envie.


Non-verbal très présent…nos hormones se plaisent.Indéniablement.


Ses mains sont douces. Balai agréable qui m'effleure.
Il a le tour sans donner l'impression de l'avoir.


J'hésite entre les rôles à tenir. Pas de metteur en scène pour me dire comme agir. Je suis la femme d'expérience? Celle qui est à l'aise et qui sait quoi faire? Je suis celle qui chasse et il est la proie ou est-ce le contraire? 


Bah. On ne tournera pas autour du pot mille ans. Je n'ai envie de rien construire de toute manière et je ne peux rien y perdre. 

Ses lèvres sont magnifiques et accueillantes et c'est moi qui me penche la première pour l'embrasser.
J'ai choisi mon rôle.


Je crois.

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