mercredi 13 avril 2016

Petite couture

Étrange nuit.

Il en fallait bien une.

(…)

Je suis arrivée chez lui tard.

Il avait un souper et moi autre chose.

Pour la première fois, on s’est peu collé.

Ou si rapidement.

Ceci expliquant cela, l’inconstance de son érection m’a rentré dedans.

Mon rationnel, si performant en général, avait de la misère à faire taire mon émotif de drama queen pré-menstruée.

Fleur.
Ma peau était.

J’ai commencé à réfléchir ce qui n’est pas souvent une si bonne idée.

(…)

Se nourrir du désir de l’autre.

Un gars qui bande est un repère facile et classique d’une certaine envie. Quand c’est plus aléatoire, ça prend de la compensation et pas mal d’enrobage pour que je reste confiante.

C’est un gars qui enrobe vraiment bien d’habitude.

Mais pas là.

Puis.

Merci d’être venue ce soir, qu’il m’a dit, c’est bien apprécié.

Et.

Il s’est endormi.

Illico

Profondément.

Loin dans un coin du lit.

Vision géante de dos.

Bruit profond d’ours qui dort.

J’ai senti cette chaleur de l’inconfort me monter à la tête.

J’ai frissonné.

J’ai eu l’impression d’être prise pour acquise.

Puis, une fois cette idée dans ma tête...elle s'y est ancrée solide.

Mon corps s’est raidi, mon alarme interne a sonné.

Stridente.

Suis devenue froide.

Me suis retournée sur moi des tas de fois.

Suis poche pour gérer des dos qui dorment au début d'une relation.

Ça m’a toujours un peu fait capoter.

Me suis demandée ce que je faisais ici. 
C’était quoi le but. 
Ce que cela m’apportait.

Cette impression d'être déjà dans l'habitude.
Dans un moule de couple monotone en fin de parcours.

J’ai mis des affaires ensemble qui n’ont pas de rapport mais qui au cœur de la nuit ont du sens.

Puis, je ne voulais pas du matin qui allait suivre.

Avec ce malaise en moi que je ne pourrais jamais cacher.
Avec cette nuit blanche, seule dans un bout de lit.
Avec ce fossé qui allait nous poursuivre.

Parce que je savais que je n'allais pas m'en remettre si facilement.

(...)

J’étais juste mal.

Me suis habillée.

J’ai pris mes affaires pour partir.

Il dormait tellement dur, c’était fou.

J’ai tourné la clef de sa porte.

Puis.

J’ai hésité à partir comme ça, sans le réveiller.

C’est peu mon genre.

Je n’avais pas vraiment envie de partir mais pas non plus celle de rester.

Je ne voulais pas faire de scène.
Je ne voulais pas alourdir notre relation.
Je ne voulais pas passer pour une folle finie qui capote pour si peu.
Je ne voulais pas être la fille qui ne comprend pas.
Celle qui a des demandes et des envies.

Je me sentais puérile.
J'avais de la peine aussi.

Me suis surtout sentie peinturée dans un coin.
Avec pas de porte de sortie acceptable.

J’ai fini par le réveiller pour lui dire que je partais.

(…)

Il a capoté.

Lui le gars qui est si souvent parti de chez des filles.

À trois heures du matin, en prétextant de la route à faire ou trop de trafic le matin.

Il a capoté avec cette impression que si je partais, ce serait la dernière fois qu’on se verrait.

Avec ce feeling que c’était toute la relation que je remettais en question.

Il a capoté car il avait l’impression de ne pas avoir fait attention et de oui, m’avoir prise pour acquise.

Il a capoté car il est amoureux.

Beaucoup.

(…)

On a parlé toute la nuit.

Et.

Naturellement.

On a fait l’amour comme des perdus.

Comme si c’était la dernière fois.

Avec cette fébrilité classique des nuits de petites coupures.
D'accroc.

Il m’a fait l’amour parce que c’était la façon la plus brute de me sentir en lui.
Parce qu'il lui fallait raccommoder la brèche dans ma tête.
Le trou dans mon corps.

Il m'a fait l'amour pour m'imbriquer en lui.

Pour s’assurer que je m’incruste sous le poids de son corps.

Animalement.
Fébrilement.
Avec l'énergie de celui qui a pensé perdre.

Il a laissé ses marques sur ma peau.

Par deux fois, il m’a fait jouir.

Ses doigts de géant en moi.
Sa bouche écrasant la mienne.

J’ai crié à en avoir mal à la gorge.

Il a jouit.
Longuement.

(...)


Si je croise les voisins, un jour, faudra bien que je m’excuse un peu.

2 commentaires:

  1. Tu as bien fait de ne pas partir sans le dire, il me semble. Je détesterais que quelqu'un me fasse ça. Cruel un peu beaucoup. Oui, tu as bien fait.

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  2. Je trouve aussi.
    Si j'étais partie, j'aurais écrit par contre. Tout de suite. Mais, bon, c'est pas super chic pareil.

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