vendredi 9 décembre 2016

En haut de la pente

Une soirée avec le géant.
Encore une autre.

Nous devions aller aux danseuses.
Parce qu’il y a déjà travaillé dans le temps.
Comme doorman et homme à tout faire.

Je le savais.

Puis, je suis curieuse, anthropologiquement parlant, de cet univers.
À part, en marge, en parallèle.
Qu’il m’en soulève un pan, m’amuse.

Et
Parait que la pizza est bonne.

(…)

Finalement,

Après l’apéro, que nous avons pris dans le bain.
On est allé jaser au lit.
Se flatter doucement, se masser.
Manger des noix et du prosciutto sur et sous les draps.
Nus à la lumière des chandelles.
À la méga bonne franquette, comme toujours.

Puis ma fille qui m’appelle pour que je l’aide à écrire son texte dans son album de finissant.
Lui et moi de donner des idées loufoques de textes poches.
Et de me sortir le sien, d’album des finissants.
Le grand gars qui dit des « je t’aime » à tout le monde que c’était écrit sous sa photo.
J’ai ri.
J’aurais dû lire ça avant, que je me suis moquée.

(…)

Puis, je lui ai lu du Gaston Miron.

Parce que j’ai décidé de me faire tatouer un vers de la Marche à l’amour.
Dans mon dos, sans doute.

« Coule-moi dans tes mains de ciel de soie »

Ce sera.

La poésie, ma culture québécoise, l’amour et la sensualité que ça dégage.
Tout ça en une phrase.
Porté sur moi comme un présentoir à partager.
Que ça me touche dans mon cœur et sur ma peau.

(…)
Puis, je lui ai lu le texte Tricot serré.
Que j’ai écrit ici.

Et
Il s’est mis à pleurer.

C’est vraiment comme ça que tu me vois?
On ne m’a jamais rien écrit d’aussi beau, qu’il m’a dit.

On s’est collé fort.

Il m’a enserré pour la nuit.
Comme dans un écrin chaud.

Peu de sexe cette fois-ci mais tellement de love.

-Tu ne me crois pas que je t’aime pour vrai, hein?
-Non, je te crois que tu m’aimes pour vrai, là, maintenant.
Mais, te croire plus que là, maintenant, ça me fait trop peur.
Parce que tu flattes tellement bien dans tous les sens.
Parce que t’es zéro avare de mots, de gestes, de câlins.
Parce que tu touches comme j’aime être touché.
Fait que, si tu décides de repartir, de même, tu vas encore me laisser avec des gros trous en dedans.
Des trous qui prennent du temps à se refermer.

Alors non, je ne veux pas te croire, je ne veux pas t’aimer.

(…)

Comme des coups de butoir.
Son « amour » fonce vers moi.

Sur son passage, comme une tornade, un tank.
Tout plie, se broie.

Il force, cogne, me renverse.
M’en donne tellement.

Il me texte tous les matins et toute la journée, m’appelle plusieurs fois, il veut me présenter à ses parents, si c’était juste de lui, je serais là au souper de Noel de sa famille, il veut embarquer dans mon projet de van et de road trip, il m’appelle sa copine, puis il m’a équipé en ski de fond et en ski alpin car il veut me montrer à aimer l’hiver.

Son intense rejoint mon intense et je sais que nous avons les mêmes carences affectives et que nous nous remplissons mutuellement de la même manière.

Mais, je suis échaudée.
Je sais que tout peu dégringoler, redescendre.
Je me sens avec lui comme en haut d’une montagne

Avec cette peur de tomber qui m’habite tellement quand je vois une pente, au propre comme au figuré.


Alors, je souris quand il me dit « je t’aime »,  je vais passer Noel dans ma famille et puis je fais mes projets sans tenir compte de lui. La van c’est moi qui va l’acheter, seule, même si on regarde les modèles ensemble.

Mes vacances se planifient célibataire et je continue mes relations avec les autres hommes qui peuplent ma vie…le dieu-comptable, le gars de la terrasse, l’ex de la blonde, le couple.

Je vais aller skier par contre, ça, ça me tente vraiment!
Même si j’ai peur.


Et arranger avec lui le chalet où il va les fins de semaine.
Parce que j'aime cet endroit, un vieux restaurant désaffecté en bois et brique d’un de ses amis et qu’il entretient et occupe. 
C'est tout croche dedans, c'est immense, c'est vide.
Je lui déniche alors des vieilles affaires pour habiter l'espace, de la vaisselle, des coussins et ça m’amuse…dans cette impression de jouer aux Sims mais dans la vraie vie.

Mais, je sais aussi que c'est un peu un nid que je me construits.

Et que le sevrage sera dur, un jour.
Comme dans toutes relations dans laquelle l'on trouve plaisir.
À bien y penser...


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