Se retrouver en duo et avoir
envie, dans notre recherche de bulles explosant en mille saveurs, d'avoir un
autre cadre pour nous revoir.
Le chalet d'une copine qui est
libre pour la fin de semaine est tout indiqué.
Un foyer, une immense chambre,
une vaste douche en pierre avec multi jets, un vieux banc solitaire qui regarde
le lac, la vue sur l'eau omniprésente par toutes les fenêtres, le silence des
arbres, cette odeur de frais printemps qui tarde.
Il conduira, à sa demande. Ça lui
fait plaisir de conduire pour la première fois sur les routes québécoises et il
a cette envie, je crois, d'être au volant et de me conduire, au propre comme au
figuré. Je le laisse faire, au propre comme au figuré. Je le regarde, amusée,
d'avoir ce plaisir de prendre la route, de retrouver une conduite
manuelle, un bras de vitesse nerveux, plaisir
de mâle que me fait sourire. Il conduit bien, dans tous les sens du terme et je
serais celle qui mettra de la musique, qui lui passera les doigts dans les
cheveux, qui massera sa nuque, qui laissera errer ma main entre ses cuisses.
Sourire en coin, nous sommes
contents de nous retrouver.
Étrange, un peu, tout de même, de
se donner du temps.
Nous outrepassons tacitement les
règles non écrites de la relation amant/maitresse.
On passera deux jours, une
nuit, avec rien d'autre à faire que se coller la peau l'un sur l'autre en
s'écoutant se chuchoter des bribes de soi. La frontière est mince dans la
description des relations. Nous ne rentrons dans aucune case prédéterminée.
Nous le savons et les repères sont flous. Nous nageons dans du gris mais sans
ressentir le besoin de définir plus qu'il ne le faut.
(…)
Malgré cette envie douloureuse de
faire l'amour en arrivant, nous avons la même envie de prendre notre temps.
Nous sommes de ce genre de
voyageurs pour qui la route est aussi belle que la destination. Dans cette savante construction de moments, nous savons attendre.
L'apéro se fera dehors,
emmitouflés dans des couvertures, imbriqués sur le banc au bout de la pointe,
entourés par le lac, les pieds presque dans l'eau qui dégèle tranquillement.
Calme d'une vue où rien ne bouge. Immobilisme d'un lac glacé entouré par des
sapins silencieux.
Revenir sur nos impressions de
notre dernière nuit.
Se bercer de nos silences.
Parler de soi et de cet étrange nous.
Savoir pertinemment que nous
sommes dans des chroniques d'une fin annoncée et que c'est bien comme ça.
Les
moments sont-ils plus beaux lorsque nous les savons éphémères?
Certitude
confiante que nous resterons des beaux souvenirs à chérir dans la vie de
chacun, des souvenirs dans des belles boites que nous ouvrirons de temps en
temps. Il sera un satellite et je serais le sien. Astres périphériques qui se
croiserons périodiquement, ou pas, dans des rendez-vous sporadiques avec
l'histoire.
Les yeux parlent bien plus que
les mots.
Les doigts qui frôlent le visage de l'autre aussi.
On cuisinera.
Il fera le dessert.
Musique en arrière fond.
Feu dans la cheminée.
La somme des clichés d'un
rendez-vous romantique au chalet est infinie. Si notre histoire était un film,
ce serait le moment "cheesy", la
peau d'ours en moins.
Je lui dis, il rigole.
Nous mangeons devant le feu. On
finira le vin. Je ramasse les choses. Il a préparé la chambre et quand j'y
monte, il y a des chandelles partout.
Nous sommes des êtres de
paradoxe. Multi facettes. Lui comme moi. Il dégage cette allure un peu timide
de gars réservé. Une allure de gars à la sexualité classique et conservatrice.
Ne jamais trop se fier aux apparences.
Ne jamais trop se fier aux apparences.
Nous avons ce même rapport au
sexe un peu trash, sans grande limite dans les envies. Comme nous ne sommes pas
dans le cadre d'une relation amoureuse quelconque et que nous n'avons aucun
image à préserver, nous n'avons pas de pudeur à verbaliser nos fantasmes et à
tenter de les réaliser. Je le sens content de pouvoir explorer un univers
d'infime possible, je me retrouve dans cette sexualité des découvertes que j'ai
déjà eue par le passé. Des premières pour lui, des redécouvertes pour moi.
Nous y passerons la nuit.
Nous nous réveillerons en plein
milieu pour recommencer et le petit matin nous retrouvera avec cette envie de
poursuivre.
(...)
(...)
Dimanche tranquille.
On le
passera sur le divan du salon à écouter de la musique en se flattant. Je lui
ferai la lecture de deux débuts de romans québécois, pour qu'il puisse choisir
lequel lui plait le plus. On ne sort pas facile la prof en moi et partager la
lecture est un de mes plaisirs.
J'ai des images encore fortes du film La
lectrice, avec MiouMiou, vu il y a des décennies…toujours aimé cet aspect si
érotique de faire la lecture, nue.
On prendra une douche.
Il me
lavera les cheveux.
Intimité certaine dans le savonnage de l'autre.
Érotisme de
l'eau qui dégoute, du mélange des fluides, verticalité sensuelle qui impose ses
positions.
(...)
(...)
On refera la route vers la ville
avant que le jour ne tombe.
Contents de ces moments.
Sans
connaitre vraiment la suite
et si même il y en aura une. On ne se promet rien, on ne fixe jamais de
rendez-vous précis. On demeure curieusement dans une certaine attente du
moment qui surgira.
De toute manière, chaque fin de rencontre est une
petite fin en soi qui ne demande pas nécessairement autre chose pour être belle.
Mais,il reste encore bien des fantasmes et il ne part qu'en juillet.
Que c'est beau, cette liberté, cette nonchalance dans l'autre, sa présence et son absence.
RépondreSupprimerC'est un magnifique cadeau que tu te fais, un cadeau que tu mérites tellement.