J’ai déjà écrit que j’étais une partisane de s’embrasser rapidement au début d’une rencontre, voire même lors de la première rencontre.
Forme m’est d’admettre que je n’ai pas toujours raison
et que ce n’est pas toujours une bonne stratégie.
C’est même, des fois, une très mauvaise idée.
(…)
La semaine dernière.
Un gars et une rencontre un peu impromptue tard le
soir.
Ça avait adonné de même et, comme il me plaisait
bien par écrit, j’aimais mieux en avoir le cœur net rapidement à la place de
gosser des jours de temps.
On s’est donc installé pour jaser, boire du vin et
profiter de la fraicheur de la nuit, au bout du quai de mon patelin.
J’ai enlevé mes souliers parce que c’était plus
confortable et les canards faisaient du bruit sur le lac.
On a parlé et c’était simple sans pour autant être transcendant.
Il s’est collé tranquillement et, dans une tentative
d’être enjôleur, m’a embrassé.
On s’entend, je voulais bien, étant relativement curieuse
et me disant que c’était souvent là que ça passait ou que ça cassait.
Je le voulais bien avec ce souvenir en tête de ce
premier baiser avec Sébastien qui nous avait fait plonger.
Je le voulais bien aussi car mon autre belle
histoire avait aussi commencé par un baiser lors de la toute première
rencontre. J’y avais finalement passé le reste de la nuit et je n’étais
ressortie de son lit que deux ans plus tard.
Et.
Disons-le aussi, j’avais, et j’ai encore, ce besoin
instinctif et présent de remplacer des images trop fortement imprégnées dans ma
tête. Images qu’il me faut impérativement évacuer si je ne veux pas m’étioler
comme une Pénélope.
Pénélope, ce personnage le plus insipide de la
mythologie.
Pénélope qui a passé sa vie à attendre un homme qui lui
s’envoyait bien allègrement en l’air en vivant mille aventures.
Pénélope que tout le monde vénère pour avoir fait stupidement
de la tapisserie en attendant le retour de son amoureux.
Et Ulysse qui s’est finalement
décidé, après 20 ans, à retrouver le confort de son foyer. Avec cette Pénélope
qui l’attendait, comme une dinde.
Yar-ke.
S’il y a bien un modèle que je ne veux pas suivre…
Alors, oui, je l’ai embrassé.
Même si.
(…)
Et?
Et, ça ne m’a rien fait.
Rien du tout.
J’ai rien senti.
J’avais l’impression de me livrer à un exercice
technique de french en plusieurs étapes.
Un exercice de style un peu scolaire.
Comme un passage obligé dans le montage d’un meuble Ikea.
(…)
Quand la police est venue nous dire que nous étions
illégalement trop tard pour être dans un endroit public, (ce qui m’a d’ailleurs
fortement rassuré sur l’utilisation de mes impôts, la sécurité des citoyens
face aux dangereux criminels est vraiment sous contrôle) ça m’a donné la
possibilité de couper le tout relativement court.
Je
ne te plais pas? qu’il m’a demandé.
Je
ne le sais pas, que je lui ai répondu.
Un peu mal tout de même de devoir dire ça.
Mais.
Je n’avais même pas eu le temps de me sentir séduite
ou d'être un peu enthousiaste par quelque chose.
C’était comme arrivé trop vite sans la pulsion qui
projette par en avant.
Ou c’était peut-être parce qu’il n’embrassait pas
tant bien? Que l’odeur de son cou ne me plaisait pas vraiment? Qu’il n’était
juste pas Sébastien? Que les phéromones n’étaient tout simplement pas bien
accordées?
Va savoir.
Mais c’était de même.
Et ça m’a fait me questionner fois mille.
J’ai avalé une grosse gorgée de questions et j’ai
fait rouler tout ça dans ma bouche avant d’avaler.
Me suis demandée si c’était trop vite, si j’allais
un jour retrouver une envie folle de me lover dans les bras d’un autre, si je
pouvais faire cohabiter tous mes amours en même temps dans ma tête et que ce
soit paisible.
Me suis demandée pourquoi j’avais ce feeling pas rapport de
tromper Sébastien.
Me suis demandée ce que je cherchais vraiment et si ce n’était
pas un peu malhonnête d’avoir si peu à offrir aux hommes que j’allais
rencontrer.
Me suis demandée si je pouvais être un peu volage pour de vrai et
si j’étais assez blindée pour laisser mon cœur, un peu, au pied du lit.
Me suis surtout trouvée un peu compliqué, un peu
trop fille, un peu trop dense.
Ça m’a fait chier fois mille.
(…)
Je n’ai pas pleuré.
J’ai juste eu le cœur un peu gros.
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