lundi 21 septembre 2015

Revoir ses théories


J’ai déjà écrit que j’étais une partisane de s’embrasser rapidement au début d’une rencontre, voire même lors de la première rencontre.

Forme m’est d’admettre que je n’ai pas toujours raison et que ce n’est pas toujours une bonne stratégie.

C’est même, des fois, une très mauvaise idée.

(…)

La semaine dernière.

Un gars et une rencontre un peu impromptue tard le soir. 

Ça avait adonné de même et, comme il me plaisait bien par écrit, j’aimais mieux en avoir le cœur net rapidement à la place de gosser des jours de temps.

On s’est donc installé pour jaser, boire du vin et profiter de la fraicheur de la nuit, au bout du quai de mon patelin.

J’ai enlevé mes souliers parce que c’était plus confortable et les canards faisaient du bruit sur le lac.

On a parlé et c’était simple sans pour autant être transcendant.

Il s’est collé tranquillement et, dans une tentative d’être enjôleur, m’a embrassé.

On s’entend, je voulais bien, étant relativement curieuse et me disant que c’était souvent là que ça passait ou que ça cassait.

Je le voulais bien avec ce souvenir en tête de ce premier baiser avec Sébastien qui nous avait fait plonger. 

Je le voulais bien aussi car mon autre belle histoire avait aussi commencé par un baiser lors de la toute première rencontre. J’y avais finalement passé le reste de la nuit et je n’étais ressortie de son lit que deux ans plus tard. 

Et. 

Disons-le aussi, j’avais, et j’ai encore, ce besoin instinctif et présent de remplacer des images trop fortement imprégnées dans ma tête. Images qu’il me faut impérativement évacuer si je ne veux pas m’étioler comme une Pénélope.

Pénélope, ce personnage le plus insipide de la mythologie. 

Pénélope qui a passé sa vie à attendre un homme qui lui s’envoyait bien allègrement en l’air en vivant mille aventures. 

Pénélope que tout le monde vénère pour avoir fait stupidement de la tapisserie en attendant le retour de son amoureux. 
Et Ulysse qui s’est finalement décidé, après 20 ans, à retrouver le confort de son foyer. Avec cette Pénélope qui l’attendait, comme une dinde.

Yar-ke.

S’il y a bien un modèle que je ne veux pas suivre…

Alors, oui, je l’ai embrassé.

Même si.

(…)

Et?

Et, ça ne m’a rien fait.

Rien du tout.

J’ai rien senti.

J’avais l’impression de me livrer à un exercice technique de french en plusieurs étapes.

Un exercice de style un peu scolaire.

Comme un passage obligé dans le montage d’un meuble Ikea.

(…)

Quand la police est venue nous dire que nous étions illégalement trop tard pour être dans un endroit public, (ce qui m’a d’ailleurs fortement rassuré sur l’utilisation de mes impôts, la sécurité des citoyens face aux dangereux criminels est vraiment sous contrôle) ça m’a donné la possibilité de couper le tout relativement court.

Je ne te plais pas? qu’il m’a demandé.

Je ne le sais pas, que je lui ai répondu.

Un peu mal tout de même de devoir dire ça.

Mais.

Je n’avais même pas eu le temps de me sentir séduite ou d'être un peu enthousiaste par quelque chose.

C’était comme arrivé trop vite sans la pulsion qui projette par en avant.

Ou c’était peut-être parce qu’il n’embrassait pas tant bien? Que l’odeur de son cou ne me plaisait pas vraiment? Qu’il n’était juste pas Sébastien? Que les phéromones n’étaient tout simplement pas bien accordées?

Va savoir.

Mais c’était de même.

Et ça m’a fait me questionner fois mille.

J’ai avalé une grosse gorgée de questions et j’ai fait rouler tout ça dans ma bouche avant d’avaler.

Me suis demandée si c’était trop vite, si j’allais un jour retrouver une envie folle de me lover dans les bras d’un autre, si je pouvais faire cohabiter tous mes amours en même temps dans ma tête et que ce soit paisible. 
Me suis demandée pourquoi j’avais ce feeling pas rapport de tromper Sébastien. 
Me suis demandée ce que je cherchais vraiment et si ce n’était pas un peu malhonnête d’avoir si peu à offrir aux hommes que j’allais rencontrer. 
Me suis demandée si je pouvais être un peu volage pour de vrai et si j’étais assez blindée pour laisser mon cœur, un peu, au pied du lit.
Me suis surtout trouvée un peu compliqué, un peu trop fille, un peu trop dense.

Ça m’a fait chier fois mille.

(…) 

Je n’ai pas pleuré.
J’ai juste eu le cœur un peu gros.

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