De cette première rencontre dans
un bar rue St-Denis? Il neigeait doucement sur Montréal et je t’ai donné un
linge pour que tu puisses essuyer tes lunettes. Je riais d'être là, en tremblant, un peu. Tout
m’amusait tellement et m’effrayait tout autant.
Le cœur dans l’eau, j’avais terriblement
besoin d’une belle histoire sur laquelle me ramasser les miettes.
Te souviendras-tu que je me suis
penchée pour t’embrasser, que tes mains effleuraient les miennes, que tu as
doucement écarté, pour la première des nombreuses fois, cette mèche de mes
cheveux qui me tombait devant les yeux?
Tu as senti mon cou, tu as eu ce
sourire dans tes yeux, tu as recueilli mes craintes et, dans un souffle, tu m’as
apaisé. Tu dégageais de ce calme qui m’a tant séduite en me transmettant cette
certitude tranquille que tout allait bien aller et ce, peu importe ce tout.
Un
phare dans la tempête pour éviter un éventuel naufrage.
Et, moi qui ne voulait plus
croire personne, j’ai eu confiance.
Te souviendras-tu de ces
multiples nuits dans la chambre de ton appartement? Ces nuits à se caresser le
corps et à s’effleurer l’âme? Ces nuits où tu as toujours tenu implicitement à
ce que je reste jusqu’au matin et où tu as toujours veillé à garder tes mains en
mouvement sur mon corps. Ballets constants de tes doigts pianotant ma peau et de
ta bouche m’embrassant dans ce demi-sommeil propre aux nuits à deux.
Et, tes yeux qui semblaient toujours contents de s’ouvrir sur les miens.
Et, tes yeux qui semblaient toujours contents de s’ouvrir sur les miens.
Te souviendras-tu de ces soirées
sur ton balcon à regarder vivre la rue et à observer le temps mouvoir les gens?
Ce balcon qui nous a vu et entendu jouir, ensemble, lors de cette dernière
fois où nous y étions.
Assouvissement d’un vieux fantasme.
Les voisins s’en souviendront sans doute…
Les voisins s’en souviendront sans doute…
Te souviendras-tu de cette soirée
où tu m’as rendu ton oncle si vivant que nous l’avons pleuré ensemble? Sais-tu
qu’il sera maintenant et éternellement dans mes pensées à chaque fois que je
boirais un ti-punch? Sais-tu alors que je lèverais assurément et délicatement mon
verre plus près des étoiles? Sourire au coin des lèvres, j’aurais une pensée
vers lui et, naturellement, un peu vers toi aussi.
Le sais-tu?
Te souviendras-tu de cette fin de
semaine au chalet? Des lumières des chandelles dans la chambre, de cette odeur
d’huile sur nos peaux et de la douche en bas qui arrosait si bien nos corps
enlacés?
Te souviens-tu d’avoir si
longtemps parlé de toi, de moi, de nous, bien emmitouflés face au lac?
Nous nous construisions
une relation particulière, doucement, sans rien forcer et sans trop même le
savoir.
Te souviendras-tu de cette soirée
à manger de la crème glacée, nus, sur cet autre balcon? Nous venions de faire l’amour
debout, face à face, dans la cuisine et la douceur de la nuit refroidissait nos
corps. Ce n’était pas de la glace à la vanille et ça me faisait tellement rire
que la vanille soit ta saveur préférée.
Te souviendras-tu que toutes nos
nuits étaient belles? Que nos moments étaient toujours d’une riche intensité?
Que c’était si simple et naturel de se retrouver, de se parler?
Te souviendras-tu
qu’il n’y avait pas de limites aux possibles, pas de freins à nos envies?
Te souviendras-tu que que nous avons fait l'amour tant de fois sans que cela ne soit jamais ordinaire?
Te souviendras-tu que que nous avons fait l'amour tant de fois sans que cela ne soit jamais ordinaire?
Te
souviendras-tu de l’odeur de l’huile, du gout de ton sperme dans ma bouche, de
la sensation de mes doigts te caressant et te massant la nuque, les pieds, les fesses?
Te
souviendras-tu de ces bains pris ensemble, du bruit de l’eau en vague sur nos corps?
Te souviendras-tu du gout des tartelettes aux œufs (et pas des œufs aux
tartelettes), du Coureur des bois sur la langue, des pizzas au thym, des
cigarettes pas de tabac?
Te souviendras-tu de la saveur du riz collé et de la sangria du Club espagnol?
Te souviendras-tu de nos rires au Lion d'or?
Te souviendras-tu que tu me dois encore une blague vraiment drôle?
Te souviendras-tu de la saveur du riz collé et de la sangria du Club espagnol?
Te souviendras-tu de nos rires au Lion d'or?
Te souviendras-tu que tu me dois encore une blague vraiment drôle?
Te souviendras-tu de cette journée au lac des Castors
et de ces après-midi étendus sur des couvertures dans un quelconque parc?
Moi, je m’en souviendrai.
Moi, je m’en souviendrai.
(…)
Par contre.
Je sais que tu te souviendras de
nos nuits avec tes amis car elles furent uniques.
Oh! comme je m'en souviens bien.
J’espère tellement que ces souvenirs berceront longtemps mes
fantasmes et accompagneront régulièrement mes nuits solitaires. Sensation
chaude dans le ventre quand j’y repense. Je suis une fille chanceuse dans la
vie et je sais que j’ai reçu, à ces moments-là, des beaux cadeaux bien joliment
enveloppés.
Je sais que le vieux Québec aura, pour
toi, la douceur de ces longues marches entourées de ton ami, la main dans la mienne, bras
dessus, bras dessous dans ce merveilleux tourbillon de la vie.
Je sais que tu te souviendras
également et intensément de ce road-trip rapide en Gaspésie.
La nature, la mer, le bruit des
vagues, le soleil qui se couche, la brume qui se lève, les nuits chaudes sous
la tente, les matins frais sur le bord du fleuve, le fromage qui fait
kouik-kouik dans la bouche, les brulots qui te déforment les oreilles, cette
furtive baleine venue nous saluer près des rochers et le dos blancs des bélugas.
Le Québec à son meilleur,
sauvage, libre et authentique.
Je me souviendrai de tes yeux
dans le rétroviseur sur le retour d’Ottawa, de ce clin d’œil complice qui m’enveloppait,
de cette magnifique lumière de fin de jour sur le traversier, et de toi qui m’appelait
ton ange.
Ça me fait encore sourire d'ailleurs.
Et nos discussions sur tout, sur
rien.
Nos mots, nos silences.
Nos yeux comme des photos.
Je sais que tu comprends ce que je veux dire.
Et cette dernière fois, inachevée.
Avec cette idée de finir, peut-être, un jour, à Paris ou ailleurs.
Et cette dernière fois, inachevée.
Avec cette idée de finir, peut-être, un jour, à Paris ou ailleurs.
Et, cette furtive et fugace
brillance dans nos regards lors de notre dernier baiser.
Nous refusions d’être tristes.
Ce n’était pas triste.
C’était beau.
(…)
Je suis ce que j’ai toujours
voulu être pour toi, un souvenir de voyage.
Une expérience.
Une pierre de plus sur le sentier
de ta vie.
Bonne route chéri et...merci.
Il s'en souviendra, c'est certain!
RépondreSupprimerQuelle belle histoire si joliment racontée.