jeudi 4 juin 2015

Dans un mois...



Dans un mois, je serai en Inde.

Ce devait être un voyage avec ma fille et sa fille, en quatuor, dans cette Inde mythique qui m'attire tant depuis que je suis petite.
Circonstance oblige ce sera finalement un voyage en duo, ma fille et moi.

L'objectif c'est le Ladakh, le nord, les montagnes. 
Retrouver un peu de cette ambiance himalayenne que nous avions effleurée lors de notre mois au Népal en 2012 et qui demeure, encore maintenant, un souvenir tellement fort et indélébile.
Un coup de coeur.
Un coup au coeur.

Ma fille et moi, nous sommes népalaises, nous l'avions déjà décidé il y a trois ans.

Marcher et se sentir petite. 
Marcher et se sentir si viscéralement connecté avec l'humain en nous. 
N'avoir que ses jambes et un sac. 
Marcher avec sa tête et aller au bout de soi, physiquement et mentalement.

Dire que je ne suis pas stressée serait vraiment mentir. 
Je suis full énervée, comme dirait mes enfants, et j'ai peur autant que j'ai hâte. 
L'Inde ce n'est tout de même pas la Suisse. 
Même en groupe ce n'est jamais un voyage facile, même pour les voyageurs d'expérience c'est un défi, même pour les indiens ce n'est pas si simple…

Glurp.

Je sais que ce ne sera pas de la tarte. 
C'est, selon mon ex-mari, l'Indonésie x 100.

Je suis prévenue.
 
Sollicitation constante qui demandera d'être sur ses gardes et en hyper vigilance, tout le temps.
Je sais que ce sera chaud le temps que je vais être à Delhi. 
Je sais que je suis une femme (duh) et ma fille une belle adolescente (duh encore). 
Je sais que c'est pauvre. 
Je sais que c'est dense.
Je sais que c'est bordélique.
Je sais. 
Je sais. 
Je sais.

Mais, je suis une fille de défi (oui, il est de taille…je le sais aussi!) et même si mes deux ex m'ont proposé de faire le voyage avec moi (pas ensemble, naturellement), j'ai refusé. 

J'ai refusé la proposition de celui avec qui j'avais acheté les billets.

Il est inquiet pour moi et se sent, sans doute aussi, un peu responsable de m'avoir laissé en plan avec ce projet. 
Enfin, ses émotions lui appartiennent.
La proposition se voulait gentille mais je ne suis pas masochiste à ce point et je sais que voyager, en ami avec lui, va me grafigner le dedans. 
Et, honnêtement, je ne vois pas trop ce que cela va m'apporter, un des avantages indéniables de cette séparation, pour moi, étant cette liberté retrouvée de pouvoir voyager toute seule, à ma manière, sans me soucier de ses exigences ou celles de sa fille.
Ne pas me soucier de devoir faire plaisir.
Ne pas me soucier que tout le monde soit bien, content, heureux.
Ne pas me soucier d'être sale, pas coiffée, pas manicurée.
Ne pas me soucier si on ne mange pas tout de suite, si les draps sont douteux, si..si et si.

J'ai refusé aussi la proposition de mon ex-mari, le père de ma fille.
 
Même si elle était, et est encore, fichtrement tentante. 
C'est un organisateur de voyage hors pair et qui est allé aussi en Inde, l'an dernier, avec notre dernier dans un voyage père et fils. Un gars qui jongle avec les réservations, les trajets, les plans des villes, les bonnes adresses comme un maitre et avec qui j'ai voyagé toute ma vie. 
Nous avons passé un an sur la route ensemble en Asie du sud-est et ça n'a jamais été conflictuel. 
C'est un ami, c'est un complice.
25 ans de route ensemble, ça laisse des traces.
Il est inquiet aussi, un brin. Je pars tout de même avec sa fille à lui aussi. 
Mais, je ne me suis pas séparée pour me remettre dans les mêmes bottines, aussi confortables soit-elles. 

J'ai besoin de partir seule.

De me définir sans un autre.

De trouver mes limites, de les atteindre, de les franchir.

De faire mes choix.

J'ai envie.
De vivre cette expérience avec ma fille qui me ressemble tant. 
Dans mes peurs, il n'y a pas du tout celle de ne pas m'entendre avec cette adolescente si ouverte sur le monde et si authentique. 
Notre relation est faite de complicité, de rires et de transparence. 
On ne s'enfarge jamais, on ne s'accroche que rarement.
Nous avons hâte d'être nous.
De nous avoir juste l'une pour l'autre.
De nous construire ces souvenirs. 
Partir juste elle et moi est aussi son premier choix.
Je le sais.

Je sais aussi que je vais trouver des gens sur ma route.
Parce que je suis comme ça et que je vais en avoir besoin.

(…)

Hier, j'ai ouvert mon armoire.

J'ai ressorti mon vieux pantalon qui m'a accompagné pendant un an, sur les routes les plus étranges.
Un pantalon de marche, usé, délavé, tout croche, avec la patine de tonnes de poussières de bord de route, imprégné de toute la sueur du monde. 
Et, je l'ai renfilé. 
Et, j'ai souri.
Bouffée de quelque chose de chaud au creux du ventre.

Le retour d'un vieil ami.

3 commentaires:

  1. De défis en défis, ta vie. Mettons que tu n'auras même pas le temps de t'ennuyer de ton beau Français, même si l'ennui n'était pas dans tes intentions, je le sais bien.

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  2. Ce commentaire a été supprimé par l'auteur.

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  3. Avec ta fille et sa fille? Je suppose que ce doit être particulier quand même, de partir seules alors qu'on l'avait prévu ensemble... :( Mais pour grandir, encore et toujours.

    Namasté.

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