lundi 1 juin 2015

Décompte



-On va se manquer.

-Ça va faire bizarre pareil de ne plus se voir.

-C'est comme si on allait mourir.

-Tu appréhendes?

-Pas vraiment…

Non, je n'appréhende pas.

Parce que c'est su depuis le début que ce sont des chroniques de fin annoncée.
Parce que j'aime savoir que notre histoire ne se terminera pas en queue de poisson, qu'elle ne se lassera pas d'être, qu'elle n'aura pas ce gout amer de la désillusion des couples qui se défont.

Parce que j'aime savoir qu'il y a entre nous ces milliers de points de suspension, ces respirations de silences, ces soupirs de sens.
Parce que j'aime savoir qu'il voyagera quelque part avec mon odeur dans un recoin de son corps et que je porterai aussi la sienne.
Mille particules de nous dispersées dans les pores.

À jamais, je le sais, nous existerons l'un pour l'autre et le rappel de nos moments me fera toujours naitre un sourire aux lèvres.
Je sais qu'il sourira aussi et qu'il s'ennuiera…un peu.

Vivre dans les souvenirs, c'est vivre éternellement.

Avoir la nostalgie de l'autre.

Nous savourons tous nos moments ensemble comme s'ils étaient les derniers parce qu'ils le sont véritablement.

Ils sont aussi, étrangement, les premiers.

Alors c'est juste beau.

(...)

Il nous reste moins qu'un mois à nous vivre et une liste de choses que l'on a envie de faire, longue comme le bras.

Parce que Montréal se respire mieux quand on la traverse, la main dans celle d'une autre. 
C'est comme si depuis deux mois, il redécouvrait la ville, qu'il me dit.

Et l'épanouissement sexuel d'avoir eu tant de courtes nuits. 
Et ce plaisir si fort de juste coller nos corps avant de nous endormir. 
Et, se réveiller la nuit pour se chercher dans les draps, coller sa main sur une hanche, sentir la sienne s'enrouler autour d'une taille. 
Se flatter sans chercher la finalité d'un ébat. 
Savourer cet état lascif, jouir les yeux dans les siens et soupirer de se lover un espace dans un creux de lui.
Se surprendre à dormir, moi qui surveille toujours le feu dans la caverne.

Toutes nos soirées sont belles.

Toutes.

Puis c'est sa fête bientôt et on s'en va faire un road trip de camping éclair en Gaspésie. 

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