mardi 23 février 2016

Décrocher



Décrocher.

Prendre une pause.

Mettre les choses à off.

(...)

J’ai retiré ma fiche du site de dating.

Soulagement immédiat que j’ai ressenti.

Profondément.

C’est dur le dating à la mode 2.0

C’est des conversations qui tombent, des rendez-vous qui n’aboutissent pas, des gens qu’on effleure et qui disparaissent.

Comme ça.

Intense un soir, vide le lendemain.

Des suites de présences et d’absences.

Des amorces de romans qui ne verront jamais le jour.

Et.

De faire la même chose aussi.

De n’être pas mieux que les autres.

Ou si peu.

De deleter des gars sous des prétextes de questions insipides, de réactions étranges à des commentaires simples, de tournures de phrases difficiles à déchiffrer ou tout simplement pour le fait d’exister un peu trop loin de mon univers.

J’ai donc évacué sans préavis l’Italien de Montréal-Nord chauffeur de limousine, le beau suisse de la Rive-Sud qui me racontait d'emblée sa tristesse de la fin de sa précédente relation,  l’Américain qui me décrivait longuement sa douleur à un coude, le Péruvien en design qui…heu…qui rien finalement.

Au revers, je suis aussi morte manu militari dans la vie du prof d’histoire de Granby qui m’avait pourtant donné un rendez-vous le dimanche suivant pour un café, du guide pour Vélo-Québec avec qui j’ai correspondu durant des semaines, du banquier qui m’a cancellé à la dernière minute après avoir longuement insisté pour une troisième rencontre, du réalisateur français qui, tellement excité sur le coup, voulait que l’on se voit dare dare le lendemain soir mais qui ne m’a ensuite plus jamais redonné de ses nouvelles.

Des disparitions.

Des faits plus que divers.

Banalités déconcertantes.

Ping.

Pong.

Tu fais.

Je fais.

Tu es là.

Tu n’es plus là.

Je te vois.

Je ne te vois plus.

D'une pression de doigt.

(...) 

Et des miettes d’estime de soi qui restent ensuite sur la route.

Des petites mais des bouts de nous pareil.

J’ai décroché quand j’ai commencé à croire franchement que j’étais devenue une personne, sans aucun doute, insignifiante.

Et que, sur le marché des bons coups, je n'y figurais, de toute évidence, pas ou plus.

Évacuable.

(...)

Dans ma tête, des lumières.
 
Clignotements sur le bord d’une route dangereuse.
Chaussée glissante.
Aquaplanning possible.
Ralentir impérativement pour ne pas perdre le contrôle.
Et.
Mettre les freins avant de prendre le champ.
Crisser le break à bras.
Éteindre le moteur.
Sortir.
 
Respirer avant de se perdre.

Avant de s’étioler.

Et 

Sauver la petite peau de chagrin qu'il nous reste.

1 commentaire:

  1. C'est fou comme à l'instant j'ai ressenti en te lisant le vide abyssal des relations éphémères qu'on multiplie dans l'espoir que les zéros accumulés finissent par compter. ben oui. on est rien dans le tout. Mais pas facile d'être tout dans chacun de nos petits rien du tout.

    RépondreSupprimer