vendredi 22 mai 2015

J'avais les ailes d'un ange



Je suis passée les prendre chez eux.

Nous étions comme des gamins qui s'en vont faire des mauvais coups. Contents, heureux de cette escapade.

Il a pris le volant. Il y avait la trame sonore de Grease qui résonnait dans la voiture.

Ils annonçaient du beau temps pour les trois jours et nous avions réservé deux nuits dans un hôtel de la vieille ville. Avec un seul lit, off course.

À partir de Trois-Rivières, nous avons bifurqué sur le chemin du Roy, parce que c'est plus beau et que le but c'était tout de même, un peu, de leur faire voir du pays. Puis, parce que je suis très à l'aise avec mon rôle de femme d'expérience et que je savais qu'il y avait des choses qu'il n'avait encore jamais fait en conduisant, nous nous sommes bien amusés dans la voiture.

Une petite halte improvisée pour piqueniquer installés sur une couverture avec la vue sur le fleuve. Si j'avais été nue et à une autre époque, ça aurait donné le déjeuner sur l'herbe. C'était drôle d'y penser.

(…)

Nous avons fait l'amour en arrivant dans la chambre.

Et nous sommes allés nous promener.

Comme trois copains qui folâtrent dans les rues, bras dessus, bras dessous. 

C'était simple. C'était un peu comme dans Jules et Jim même si ça fait vraiment longtemps que j'ai vu le film.

Ce fut tout le temps bien, tout le temps léger et sans malaise. 

Et nous avons arpenté les rues de long en large avec des arrêts dans des parcs, des pauses sur une terrasse de micro-brasserie, une découverte d'un chouette restaurant excentré et qui présentait de l'improvisation en soirée, un aller-retour sur le fleuve à bord du traversier, des courses entre l'ami et moi pour monter le plus vite possible les escaliers, un temps de lecture pour moi sur les plaines d'Abraham pendant qu'ils visitaient la Citadelle, des fous rires, des moments tendres et plus émotifs.

Nous sommes allés fumer, un soir, sur la portion des plaines près de l'hôtel, juste derrière les remparts. Bien emmitouflés dans une couverture, on s'est collés, l'ami et moi riant un peu de lui qui devient, sous influence, tellement étrangement drôle et sensible. 

Il a pleuré, juste d'être là.
Dans le silence et la pudeur des larmes, nous étions là.

(...)
Trio harmonieux, certes, mais plus le temps allait et plus il y avait chez lui et moi cette envie de duo. L'ami vraiment charmant et agréable mais le fantasme était consommé et c'est avec nous, sans témoins, que j'avais vraiment envie de faire l'amour. Cette envie d'être deux, un peu. Je pense que l'ami l'a senti, moi je le sentais. Et c'était ok aussi.

(…)

Nous avons passé le chemin du retour à chanter des chansons dans la voiture avec un arrêt à Deschambault. C'était tellement magnifique. Les roches plates qui invitaient à la détente, le fleuve magique, au mois de mai, à marée basse, et deux pêcheurs sympathiques qui nous ont fait bien rire. 

Le Québec accueillant, chaleureux et bon enfant comme je l'aime.

Et moi, dans son appareil photo.



(...)

Au retour, nous allions directement écouter un match d'improvisation au Lion D'or. 

-Je vais inviter ma colocataire et sa sœur à venir nous rejoindre pour le match. Je ne sais pas, par contre, si elles seront libres.

Je suis partie à rire. C'est bien mal connaitre les femmes que de penser que les deux jeunes filles (dont une, semble-t-il, trouve le jeune colocataire français de sa sœur bien de son gout) ne vont pas tout faire pour être libres et venir voir de leurs yeux à quoi je pouvais bien ressembler! 

Elles savaient, de plus, que nous n'avions pris qu'une chambre à Québec et il parait que cela avait heurté bien des idées reçues. Du coup, l'envie de voir la "madame" qui passe deux nuits avec les deux jeunes étaient, à coup sûr, vraiment tentante. 

Elles auraient eu un rendez-vous avec le pape qu'elles l'auraient annulé! 

Bah. Rendue là, je m'en foutais un peu. Je trouvais à la limite la situation assez drôle faut finir par assumer. C'est ce que je fais depuis deux mois, au fait. 
Assumer. 
M'assumer.

Elles étaient présentes, naturellement!(rire)

Il m'a souri, m'a tenu la main et m'a embrassé. Il savait que ce n'était, tout de même, pas si simple dans ma tête.

J'ai ri, j'ai fait des blagues sur mon âge. Elles ont ri. 
Suis une fille drôle capable de rire d'elle-même.

Nous avons fini la soirée par aller prendre un verre à l'appartement en mangeant de la poutine et en se racontant toutes les "insides" de notre escapade.

Nous avions créé des beaux souvenirs.

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